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Page:Barre - Le Symbolisme, 1911.djvu/125

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LE SYMBOLISME ET LA PRESSE

sous le nom de « déliquescents ». C’est le commencement d’une suprême série qui ira des infusés aux putréfiés, en passant par les liquéfiés.

7. Le succès de rire obtenu par cette fantaisie engagea le critique officiel de la France libre à reprendre le procès des symbolistes, le 25 septembre et le 2 octobre suivant. À propos des poètes maudits de Verlaine, Paul d’Armon déclare alors que les symbolistes forment un nouveau Parnasse édifié avec des pierres prises « aux énormes monuments » de Leconte de Lisle et aux « petits vide-bouteilles » de François Coppée. De plus, Catulle Mendès leur a prêté un flacon d’opoponax. En effet, « dans cette catégorie étroite de poètes à laquelle s’est accrochée une agrégation de malades, de fous et de farceurs, on s’est occupé d’abord de fabriquer des vers impeccables ». De bonne heure, on a appris à préférer au mot précis le mot sonore, même au risque de faire un contresens ; l’idée a été reléguée au second plan. Puis les élèves ont voulu aller plus loin que leurs maîtres. Emportés par la recherche des vers cadencés et des effets d’harmonie imitative, ils se sont élancés dans des espaces illimités où il est difficile de les suivre sans éprouver une surexcitation cérébrale. Ils ont alors définitivement relegué l’idée à l’arrière-plan. En se traînant dans les fossés et les fondrières, ils se sont enfoncés dans la brume. La poésie est devenue chez eux un instrument purement sensationnel. Les mots sont des notes ou des nuances qui n’ont de valeur que par leurs relations entre elles. Le vers d’ailleurs ne vaut rien s’il n’est pas musical. Le poème doit être une sonate. En se rappelant ces principes de leur art poétique, on peut pénétrer dans le temple étrange où les maudits accomplissent les cérémonies de leur culte, si toutefois l’on prend garde de ne pas s’introduire, par la perte de communication, dans la brasserie, qui y est attenante. Les maudits sont donc peintres ou musiciens, mais pas littérateurs. Là-dessus, Paul d’Armon fait une glose