des assonances nombreuses et une certaine virtuosité dans l’emploi de l’allitération consonantique. Il en résulte des sonorités délicates, une musique doucereuse et raffinée qui souligne avec bonheur l’élégance des fantaisies Louis XVI, alors particulièrement chères au poète.
Dans les Fastes, au contraire, Stuart Merrill semble
craindre la préciosité à laquelle l’entraînait la subtilité
maniériste des Gammes. Sans changer tout à fait de procédé,
il suit moins volontiers l’exemple de Mockel que celui de
Ghil. Aux mélodies nuancées succèdent le fracas d’un luxe
soudain, l’éclat d’une richesse éblouissante. Des mots extraordinaires,
des syllabes retentissantes s’entrechoquent ou
s’entassent plus pour étonner l’oreille que pour toucher le
cœur. La sonorité musicale des vocables passe avant la précision
des termes. Une certaine confusion règne dans les
images et le poème se charge d’obscurité. Stuart Merrill
revient vite de cette erreur. Toujours dominé par l’esthétique
de Ghil, il atténue cependant les heurts violents de son style
pour aboutir aux douces musiques des petits poèmes
d’automne, aveux d’une âme qui consent enfin à s’épancher
sans contrainte, confessions délicates où parfois la fanfare
des cuivres vient rappeler la splendeur excessive des Fastes.
Une crise morale rend bientôt le poète a plus d’indépendance
encore. Stuart Merrill verse alors dans le panthéisme mélancolique
qui le conduit insensiblement à préférer aux pures
rêveries de l’artiste les problèmes angoissants du mouvement
social. De son long apprentissage à l’école instrumentiste
Stuart Merrill n’a plus gardé avec le goût de la vie que le
sens de l’harmonie rythmique et l’aptitude au vers libre.
C’est le trait caractéristique des Quatre saisons. La philosophie
de l’école évolutive a rejeté dans la vie et dans l’art celui
que ses méthodes d’expression en avaient un temps écarté.
6. Émile Verhaeren. — Ghil avait codifié l’esthétique de l’exubérance. Sa technique ne pouvait donner de résultats