Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Le Bouddha et sa religion.djvu/16

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Les croyances bouddhiques impliquaient la ruine des castes ; mais, c’était une conséquence indirecte que le Bouddha n’avait ni cherchée ni prévue, et qui pendant plus de mille ans parut si peu redoutable aux brahmanes eux-mêmes, qu’ils la laissèrent se développer tout à l’aise, sans tenter ni de l’arrêter ni de la combattre. Il faut donc une dissemblance de système entre le bouddhisme et le brahmanisme, qu’il prétendait remplacer ; et cette dissemblance capitale, d’où sont venues toutes les autres, ne se trouve que dans la manière de comprendre et de pratiquer la voie qui mène au salut éternel.

Que se dit en effet le Bodhisattva dans ses premières et douloureuses méditations à Loumbinî, dans son séjour aux écoles brahmaniques de Vaiçâlî et de Râdjagriha, dans ses austérités à Ourouvilva, et même dans son avènement définitif à Bodhimanda ? Il se dit que la voie enseignée par le brahmanisme n’est pas la vraie ; elle ne mène pas l’homme à la délivrance ; elle ne le soustrait pas à la transmigration ; elle ne l’arrache pas à cette affreuse nécessité qui le soumet à la succession d’existences sans terme ni repos. Le Bodhisattva répudie la foi brahmanique, qui flatte bien l’homme de l’anéantir et de l’absorber en Dieu, mais qui ne l’exempte pas cependant de renaître indéfiniment à la vie. L’honneur du Bouddha parfaite-