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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Le Bouddha et sa religion.djvu/20

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seule réalité, c’est le néant ; car on n’en revient pas ; et une fois reposée dans le Nirvâna, l’âme n’a plus rien à craindre, non plus qu’à espérer.

Le bouddhisme, considéré sous ce jour, n’est plus tout à fait cette monstrueuse innovation, dont nous voudrions pouvoir douter. Non ; ce n’est point une doctrine qui se soit formée spontanément ; c’est pas à pas que l’Inde y est parvenue ; c’est un degré de plus, c’est le degré définitif dans toute une série de progrès. Le Sânkliya lui-même arrivant à rejeter l’autorité des Védas, et à nier Dieu, ne s’est pas constitué en un jour ; il a fallu des siècles d’examen et de controverse pour l’enfanter, tout hideux qu’il est. Le bouddhisme en est issu, comme une conséquence légitime et suprême. Le Bouddha n’a été que le plus logique et le plus audacieux des disciples de Kapila. Il a complété la doctrine de l’école et il l’a divulguée pour le salut du genre humain, que son grand cœur avait pris en compassion ; mais il ne l’a pas inventée tout entière. Il en doit partager la responsabilité, si ce n’est la gloire, et il n’est pas seul à la pouvoir justement revendiquer. Kapila l’avait précédé ; le Bouddha n’a fait que reproduire ses tristes principes en les poussant à bout, avec une rigueur qui s’est précipitée dans l’abîme aperçu et redouté peut-être par la philosophie.

Je n’hésite pas à affirmer en fait que c’est là le véri-