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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Le Bouddha et sa religion.djvu/22

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l’existence pour prendre pari à ses épreuves et à ses douleurs ? Ainsi dans la doctrine bouddhique, les résurrections arrachées au Nirvâna ne signifient rien ; ce ne sont que des jeux d’imagination, des légendes plus ou moins extravagantes, comme toutes celles où se plaît le génie indien, et qu’on retrouve aussi nombreuses et aussi déraisonnables dans les Brâhmanas védiques et dans les Soûtras du bouddhisme, dans les poëmes épiques et dans les Pouranas. Mais chaque fois que les Soûtras bouddhiques abordent directement la notion du Nirvâna, c’est toujours pour en donner l’interprétation que j’adopte. Il est vrai que pour définir le Nirvâna, ils s’attachent bien plutôt à dire ce qu’il n’est pas qu’à dire ce qu’il est. Mais la cause de cet embarras est évidente ; et le néant qui a fui des esprits aussi subtils et aussi délicats que les sophistes de la Grèce, échappe à bien plus forte raison à ces esprits désordonnés et intempérants des moines bouddhistes. Ils oublient bientôt les esquisses imparfaites qu’ils ont tracées du Nirvâna ; et rendus à l'instinct de la nature humaine, ils n’hésitent pas à évoquer du néant ces saints personnages qu’ils adorent, et auxquels ils s’adressent dans leurs ferventes prières. Ils les réalisent, sans penser un instant qu’ils les ont anéantis, et que le néant a été la récompense de leur incomparable vertu.