fils critiquaient toujours les actions des pères, et, une fois à leur place, faisaient comme eux, pour être à leur tour critiqués par leurs enfants.
— C’est parfaitement vrai, cela, dit-il, mais mes fils ne me critiqueront pas, car je ne me marierai jamais.
Et au bout d’un instant je repris : — Il n’y a pas encore eu de jeunes gens qui n’aient dit la même chose.
— Oui, mais moi ce n’est pas la même chose.
— Et pourquoi ?
— Parce que j’ai vingt-deux ans et je n’ai encore jamais été amoureux, et aucune femme n’a attiré mes yeux.
— C’est tout naturel ; jusqu’à cet âge on ne doit pas être amoureux.
— Comment, et tous ces garçons qui aiment depuis quatorze ans ?
— Tous ces amours-là n’ont aucun rapport avec l’amour.
— Peut-être, mais je ne suis pas comme tout le monde, je suis emporté, je suis orgueilleux, c’est-à-dire je parle de mon amour-propre, et puis…
— Mais tout cela, ce sont des qualités que vous me citez…
— Des bonnes ?
— Mais oui.
Puis je ne sais à propos de quoi il me dit que si sa mère mourait, il deviendrait fou.
— Oui… pour un an, et puis…
— Oh ! non je deviendrais fou, je le sais.
— Pour un an, car tout s’efface à force de voir des figures nouvelles.
— Alors vous niez les sentiments éternels et la vertu ?
— Positivement.