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Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/216

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LA MENDICITÉ.

reconnaissance les secours que la charité mettait à leur disposition.

En cinq années d’application de ce système d’assistance en secours et en travail, qui n’envoie presque au dépôt de mendicité que les mendiants incorrigibles et condamnés, formant une assez faible minorité, la mendicité a disparu. Au lieu de 10 ou 11,000 indigents et nécessiteux secourus dans les deux années précédentes, on a vu le chiffre s’abaisser a 6,412 en 1860. Les moyens employés par M. de Magnitot ont été estimés par de bons juges aussi dignes d’éloges que les résultats obtenus. C’est en effet la charité privée qui fournit les fonds et en surveille l’emploi. Pourtant sur un point ses mesures ont paru critiquables. L’Académie des sciences morales, en couronnant son livre, lui a reproché de faire appel à l’impôt à titre de supplément aux dons insuffisants de la charité. L’auteur du livre sur l’Assistance en province répond que la contribution extraordinaire n’existe que dans dix communes sur trois cent dix-huit, et frappe exclusivement de grands propriétaires absents n’ayant opposé que des refus aux demandes faites au nom de la charité, et se prêtant eux-mêmes plus volontiers à un impôt. Nous croyons que toute coaction doit disparaître dans l’intérêt de la durée et de la généralisation de la mesure, si elle est réellement de nature à être appliquée ailleurs avec succès.

Nul doute que le remède le plus efficace à la mendicité ne soit dans le progrès général de l’industrie et de l’aisance. Mais cette cause générale d’élévation du niveau moral et matériel réduira le mal plutôt qu’elle ne le supprimera radicalement. D’une part, il y aura toujours des misères profondes plus ou moins imméritées ; d’autre part, peut-on espérer sans illusion qu’on verra tout à fait disparaître ces natures lâches et viles qui aiment mieux vivre aux dépens d’autrui que d’accepter la loi du travail ? Il y a donc là un problème subsistant et fort délicat d’as-