Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/342

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— Personne, bien sûr, » dit l’enfant avec un court éclat de rire.

L’idée parut la divertir beaucoup, car ses yeux ronds brillèrent tandis qu’elle ajoutait :

« Moi ai poussé, v’là tout ! je crois pas que personne m’a jamais faite.

— Savez-vous coudre ? demanda miss Ophélia, convaincue qu’il fallait descendre à des questions terre à terre et plus positives.

— Non, maîtresse ?

— Que savez-vous faire ? — que faisiez-vous chez vos anciens maîtres ?

— Je portais l’eau, je lavais les assiettes, je nettoyais les couteaux, et je servais le monde.

— Étaient-ils bons pour vous ?

— P’t-être bien qu’oui ! » et l’enfant examina sa maîtresse du coin de son œil rusé.

Enfin, lorsque en ayant assez de l’encourageant dialogue, miss Ophélia se leva, elle vit Saint-Clair appuyé sur le dos de sa chaise.

« Vous trouvez ici un sol vierge, cousine, semez-y vos propres idées. Vous n’aurez pas la peine d’en extirper beaucoup d’autres. »

Les principes de miss Ophélia étaient, en éducation comme en beaucoup de choses, fixes et bien définis. C’étaient ceux qui avaient cours, il y a environ un siècle, à la Nouvelle-Angleterre, et dont on retrouverait des traces, dans plusieurs coins reculés, loin du voisinage des chemins de fer. Ils se résument en peu de mots : apprendre aux enfants à faire attention à ce qu’on leur dit, leur enseigner leur catéchisme, leur montrer à coudre, à lire, et les fouetter s’ils mentent. Bien que les flots de lumières qui illuminent, de nos jours, le grand sujet de l’éducation jettent dans l’ombre ces vieux errements, on ne saurait nier que nos grands-pères et nos grand’-mères n’aient élevé, sous ce régime, des citoyens et citoyennes, passa-