Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/353

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élève affublée d’un magnifique turban rouge, fait de son plus beau châle de crêpe de Chine, que Topsy avait tortillé autour de sa tête, tandis qu’elle déclamait pompeusement devant la glace.

« Topsy, s’écriait la pauvre miss à bout de patience, comment pouvez-vous agir de la sorte ?

— Je sais pas, maîtresse, — c’est p’t-être parce que je suis si méchante !

— Je ne sais plus que faire de vous, Topsy !

— Seigneur ! maîtresse, — faut me fouetter. Vieille maîtresse me fouettait toujours. — Moi pas savoir travailler sans être battue.

— Mais, Topsy, je n’ai pas la moindre envie de vous frapper ; vous pouvez bien faire si vous voulez ! Pourquoi ne le voulez-vous pas !

— Eh, là, maîtresse, je suis toujours été fouettée ; — p’t-être bien que c’est bon pour moi ! »

Miss Ophélia essaya de la recette. Topsy faisait invariablement le plus horrible vacarme, criant, gémissant, hurlant, suppliant ; puis, perchée un quart d’heure après sur quelque saillie de balcon, entourée d’un cercle admiratif de petits moricauds, elle exprimait hautement son mépris de toute l’affaire.

« Seigneur ! miss Phélie, fouetter ! — tuerait pas seulement un moustique avec sa fouaillerie ! — Fallait voir vieux maître ! — I faisait voler la chair tout partout, lui ! c’est ça fouetter ! Maître savait s’y prend’ ! »

Topsy tirait grand orgueil de ses sottises et crimes, qu’elle considérait comme une distinction toute particulière.

« Seigneur ! vous aut’ neg’s, disait-elle à quelques-uns de ses auditeurs, vous savez p’t-être pas que vous êtes des pécheurs ? Eh bien, vous l’êtes ; — tout le monde est des pécheurs, les blancs tout de même, — miss Phélie l’a dit. Je crois, les nèg’s être les plus gros ! Mais, Seigneur ! c’est rien à côté de moi. Je suis si méchante, si