Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/371

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— Quelle drôle d’enfant vous faites, Éva !

— Miss Ophélia a bien enseigné à lire à Topsy, continua l’enfant.

— Oui ; citez-la, je vous le conseille ! La science lui a merveilleusement profité. Topsy est bien la plus mauvaise petite créature que j’aie jamais vue.

— La pauvre Mamie, persista Éva, elle qui aime sa Bible comme ses yeux ! serait-elle heureuse de pouvoir la lire ! Lorsqu’elle ne m’aura plus là, comment s’y prendra-t-elle ? »

Marie continuait de bouleverser un tiroir, tout en répondant :

« Le temps viendra, c’est clair, où vous ne pourrez plus lire la Bible à tous nos esclaves, à tour de rôle, — non que je vous en blâme, je faisais de même, lorsque j’avais un peu plus de santé ; — mais après votre entrée dans le monde, quand il faudra s’habiller, recevoir et rendre des visites, vous n’en trouverez plus le temps. — Regardez, ajouta-t-elle, voici les bijoux que je vous donnerai alors. Je les portais à mon premier bal, — et, je puis vous l’assurer, Éva, je fis sensation. »

Éva prit l’écrin, souleva une rivière de diamants, et demeura rêveuse, ses grands yeux fixés sur le collier, et sa pensée voyageant au loin.

« Quelle mine sage et discrète, enfant !

— Maman, cela vaut-il beaucoup, beaucoup d’argent ?

— Je crois bien ! Mon père avait fait acheter ces brillants à Paris ; à eux seuls c’est une fortune !

— Je voudrais bien les avoir à moi et pouvoir en faire ce qui me plairait ! dit Éva.

— Et qu’en feriez-vous ?

— Je les vendrais ; j’achèterais une terre dans les États libres, j’y mènerais tous nos esclaves, et je payerais des maîtres pour leur enseigner à lire et à écrire. »

Elle fut interrompue par un éclat de rire de sa mère.

« À merveille, vous ouvririez école ; et j’espère que