Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/389

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statuette. Ne vous abusez pas ; — il n’y a pas de mieux, je le sais très-bien, — Je m’en vais, je le sens. — Je ne suis pas nerveuse, je ne suis point découragée ; — si ce n’était vous, cher papa, — si ce n’étaient tous ceux que j’aime, je serais parfaitement heureuse. — Je l’ai désiré, — je soupire après !

— Eh quoi, cher trésor, qui peut rendre ton pauvre petit cœur si triste ? N’as-tu pas tout ce que tu souhaites, tout ce qui peut te contenter ?

— J’aime mieux être au ciel ; seulement, pour l’amour de mes amis, je voudrais encore vivre ; mais il y a tant de choses ici qui me font peine, et qui me semblent terribles, que j’ai envie de m’en aller tout de suite là-haut. Ce n’est pas que je n’aie bien du chagrin de vous quitter ; — oh ! c’est là ce qui me fend le cœur !

— Mais, qu’y a-t-il qui puisse t’affliger ? Que vois-tu de si terrible, mon enfant ?

— Oh ! des choses qui se font tous les jours, sans cesse ! Je suis triste pour nos pauvres domestiques ; ils m’aiment tant ! ils sont tous si attentifs, si bons pour moi. — Je voudrais, papa, qu’ils fussent tous libres.

— Comment, Éva ! petite fillette, ne les trouves-tu donc pas heureux comme ils sont ?

— Mais, papa, si quelque malheur vous arrivait, que deviendraient-ils ? Il y a si peu d’hommes comme vous, papa ! Oncle Alfred, ce n’est pas la même chose ; maman non plus ; et songez aux maîtres de la pauvre vieille Prue ! tant d’horribles choses qui se font, qui se peuvent faire ! et l’enfant frissonna.

— Chère bien-aimée, tu es trop compatissante, trop sensitive ! je suis désolé de t’avoir laissé entendre de pareilles histoires !

— Oh ! papa, c’est là ce qui me chagrine. Vous me voulez si heureuse ? vous n’endurez pas que j’aie la plus légère peine ; — que je souffre de quoi que ce soit ; — vous ne voudriez pas même me laisser entendre une histoire