Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/401

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— Oh ! tout ce qu’il vous plaira, ma chère. — Topsy, tu entends ta jeune maîtresse ? Songe à être exacte ! »

Topsy fit une courte révérence, baissa les yeux, et comme elle se détournait pour s’en aller, Éva vit une larme rouler sur sa joue noire.

« Voyez-vous, maman, j’étais sûre que la pauvre Topsy avait envie de faire quelque chose pour moi, dit à demi voix Éva à sa mère.

— Quelle enfance ! le fait est tout uniment qu’elle se plaît au mal. On lui a défendu de toucher aux fleurs, — alors elle les arrache. — Voilà ce qu’il en est ; mais, si c’est votre fantaisie qu’elle dépouille les parterres, à la bonne heure.

— Je crois, maman, que Topsy n’est plus la même ; elle est en train de devenir bonne.

— Elle aura du chemin à faire pour y parvenir, dit Marie avec un ricanement dédaigneux.

— Mais vous savez, maman, que la pauvre Topsy a trouvé constamment tout contre elle.

— Pas depuis qu’elle est à la maison, assurément. Elle a été assez prêchée, catéchisée, grondée ; chacun s’en est mêlé, et y a fait tout ce qui se pouvait faire ; — eh bien, elle est tout aussi laide, et le sera toujours. On ne tirera jamais rien de bon de cette créature-là !

— C’est si différent, chère maman, d’être élevé comme je l’ai été, entouré d’amis et de tout ce qui me pouvait rendre heureuse et bonne, ou bien d’être abandonné comme cette pauvre Topsy, si malheureuse avant d’entrer chez nous !

— Cela se peut, reprit en bâillant Marie. — Quelle chaleur ! il n’y a pas moyen d’y tenir !

— Ne croyez-vous pas, maman, que Topsy pourrait, tout aussi bien que nous, devenir un ange, si elle était chrétienne ?

— Topsy, un ange ! quelle idée biscornue ! Il n’y a que vous, Éva, pour avoir de ces imaginations de l’autre