Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/410

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C’est l’unique chose qu’il ait à faire à présent. — Et il a si grand besoin de se rendre utile !

— Moi aussi, Éva ! dit son père ; j’ai le même besoin.

— Oh ! mais, vous, papa, vous pouvez tout faire, et vous êtes tout pour moi. — C’est vous qui me lisez, — vous qui me veillez la nuit. — Tom ne peut que me porter ou me chanter des chansons ; et je sais d’ailleurs que je le fatigue moins que vous ; il est si fort ! »

Tom n’était pas le seul qui souhaitât faire quelque chose pour Éva ; tous les gens de la maison le désiraient avec une ardeur presque égale, et chacun rendait tous les services en son pouvoir.

Le cœur de la pauvre Mamie soupirait sans cesse après sa chère enfant, sans qu’elle trouvât un moment de liberté, ni jour ni nuit. Madame Saint-Clair avait déclaré que son état d’esprit ne lui permettait nul repos ; il était en conséquence contre ses principes d’en laisser à personne. Vingt fois par nuit Mamie devait se relever pour lui frotter les pieds, bassiner sa tête avec de l’eau fraîche, lui chercher son mouchoir de poche, voir pourquoi on faisait du bruit dans la chambre d’Éva, baisser un rideau parce qu’il faisait trop clair, le lever parce qu’il faisait trop sombre ; et de jour, quand tout son désir eût été de prendre sur elle une petite part des soins que réclamait l’enfant qu’elle avait nourri, sa maîtresse se montrait ingénieuse à l’occuper dans un coin ou l’autre de l’habitation, si elle ne l’employait autour de sa personne : de sorte que tout ce que pouvait la pauvre nourrice, c’était d’entrevoir la petite malade quelques moments et à la dérobée.

« Je le sens, disait madame Saint-Clair, c’est pour moi aujourd’hui un devoir impérieux de me ménager, faible comme je le suis, et lorsque sur moi seule roulent tous les soucis et tous les soins que réclame la pauvre enfant !