Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/417

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Adolphe et Rosa avaient rangé la chambre. Malgré leur étourderie et leur légèreté, ni l’un ni l’autre ne manquait de cœur ; et pendant que miss Ophélia présidait à l’ordre général et à la propreté, ils mettaient les dernières touches de poésie et de sentiment, qui enlèvent à la mort et à son entourage l’aspect lugubre et terrible qu’elle revêt à la Nouvelle-Angleterre.

Il y avait sur toutes les étagères des fleurs blanches, délicates, parfumées, aux feuilles gracieuses et retombantes. Sur la petite table d’Éva, recouverte d’une blanche batiste, était son vase favori, contenant un seul bouton de rose blanche mousseuse. Les plis des rideaux, les draperies avaient été disposés avec un goût noble et sévère. Pendant que Saint-Clair était là, toujours immobile, Rosa se glissa dans la chambre, apportant une corbeille de fleurs. À la vue du maître, elle s’arrêta et fit quelques pas en arrière ; mais s’apercevant qu’il ne bougeait pas, elle se rapprocha du lit. Il la vit, comme en un rêve, placer entre les petites mains jointes une branche de jasmin, puis disposer les fleurs autour de la couche.

La porte se rouvrit, et Topsy, les yeux gros de pleurs, parut sur le seuil : elle cachait quelque chose sous son tablier. Rosa lui fit de la main un geste impérieux, mais elle avait déjà un pied dans la chambre.

« Veux-tu bien t’en aller ! dit Rosa, à voix basse, et d’un ton absolu. Tu n’as que faire ici, toi !

— Oh ! laissez ! laissez faire à moi ! j’ai porté une fleur, — une fleur si jolie ! dit l’enfant en montrant une rose-thé à peine éclose. Je vous en prie, laissez-moi la mett’ là !

— Va-t’en ! dit Rosa avec insistance.

— Qu’elle reste ! s’écria Saint-Clair en frappant du pied. Qu’elle approche, je le veux ! »

Rosa sortit en hâte ; Topsy s’avança et déposa son offrande au pied du corps : puis, tout à coup, poussant un