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enfants et aux humbles ce qu’il cache aux sages et aux savants ? Mais, maître n’était pas sérieux tout à l’heure ; maître ne disait pas ça tout de bon, bien sûr ? Et Tom regarda Saint-Clair avec anxiété.

— Non, Tom, je ne suis pas tout à fait incrédule ; je crois qu’il y a de fortes raisons de croire, et cependant je ne crois pas. C’est une mauvaise habitude que j’ai contractée, Tom.

— Si maître voulait seulement prier !

— Qui te dit que je ne prie pas ?

— Maître prie !

— Je prierais si je voyais là quelqu’un à qui adresser mes prières ; mais il n’y a personne, et c’est comme si je parlais dans le vide. Tu sais prier, toi ! montre-moi comment on prie. »

Le cœur de Tom était plein, il l’épancha en prières ; elles coulaient de ses lèvres comme des eaux vives longtemps contenues. Ce qui était évident, c’est que Tom croyait être entendu, bien qu’il ne vit personne. Entraîné par le rapide courant de cette foi ardente, transporté presque aux portes de ce ciel que le pauvre esclave pressentait si vivement, Saint-Clair se retrouvait plus près de son Éva.

« Merci, mon brave garçon, dit-il quand Tom eut fini. J’aime à l’entendre prier. Mais laisse-moi seul maintenant. J’y reviendrai quelque autre jour. »

Tom sortit en silence.


CHAPITRE XXIX.

Réunion.


Les semaines se succédaient, et le flot de la vie avait repris son cours, là même où avait sombré la frêle petite barque. L’impitoyable réalité, indifférente à nos douleurs,