Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sensibilité, l’espoir, le désir d’arriver au bien s’étaient éveillés. La lutte était maintenant commencée ; lutte irrégulière, inégale, suspendue souvent, mais toujours reprise.

Un jour que miss Ophélia avait envoyé chercher Topsy, elle entra en cachant précipitamment quelque chose dans son sein.

« Que fais-tu là, méchante petite sorcière ? je parierais que tu as encore volé ! dit l’impérieuse Rosa, et elle la saisit en même temps par le bras avec rudesse.

— Voulez-vous bien me lâcher, miss Rosa ! dit Topsy se débattant ; ce sont pas vos affaires !

— Ne t’avise pas d’être impertinente ! je t’ai vue cacher quelque chose ; — je connais tes tours. » Et Rosa essaya de la fouiller, tandis que Topsy, furieuse, défendait vaillamment, à coups de pieds et de poings, ce qu’elle regardait comme son droit. La clameur et la confusion de la bataille attirèrent miss Ophélia et Saint-Clair.

« Elle a volé ! dit Rosa.

— C’est pas vrai ! vociféra Topsy sanglotant avec passion.

— Donnez-le-moi, n’importe ce que c’est ! » dit miss Ophélia d’un ton ferme.

Topsy hésitait ; mais, sur un second ordre, elle tira de son sein un petit paquet roulé dans le pied d’un vieux bas.

Miss Ophélia retourna le bas. Il s’y trouvait un petit livre donné à Topsy par Éva, contenant un verset de l’Écriture sainte pour chaque jour de l’année, et un papier renfermant la boucle de cheveux qu’elle avait reçue, au jour mémorable où Éva avait fait ses derniers adieux.

Saint-Clair était profondément ému. Le petit livre avait été roulé dans une longue bande de crêpe noir, arrachée aux draperies mortuaires.

« Pourquoi as-tu entouré ce livre de cela ? dit Saint-Clair en soulevant le crêpe.