Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Simon Legris n’entendit pas la voix ; jamais il ne l’entendra. Il regarda une minute la figure abattue de Tom, puis s’éloigna.

La malle contenait encore une garde-robe bien montée : il la porta sur le gaillard d’arrière, où elle fut aussitôt entourée d’une partie de l’équipage. Les effets furent rapidement vendus, à l’un, à l’autre, avec force plaisanteries aux dépens des nèg’s qui veulent faire les messieurs, enfin le coffre vide fut aussi mis à l’encan. C’était, aux yeux de tous, une excellente plaisanterie, d’autant meilleure que Tom assistait à la saisie et à la vente de tout ce qu’il possédait. La criée de la malle avait surtout excité la gaieté et les bons mots.

Cette petite affaire terminée, Simon revint à ses emplettes.

« À présent, Tom, te voilà soulagé d’un supplément de bagages, vois-tu ! Prends soin de tes vêtements ; de longtemps tu n’en auras d’autres. Je m’entends à rendre les nègres soigneux. Il faut qu’un habillement leur dure au moins un an chez moi. »

Il s’approcha de l’endroit où était assise Emmeline, enchaînée à une autre femme.

« Eh bien ! pouponne, dit-il en lui passant la main sous le menton, tiens-toi le cœur gai ! »

L’expression involontaire d’horreur, d’effroi, qu’exprimait le visage de la jeune fille en le regardant, ne lui échappa point : il fronça le sourcil d’un air féroce.

« Pas de tes simagrées, la fille ! Veille à prendre l’air riant quand je te parle, — entends-tu ? — Et toi, vieille macaque, couleur de la lune, dit-il en poussant du poing la mulâtresse, à laquelle Emmeline était accouplée, ne t’avise pas de me faire cette face de carême ! Arrange-toi pour avoir la mine plus éveillée, je te le conseille.

« Je vous le dis à tous, — il se retira en arrière d’un pas ou deux, — regardez-moi bien ! — regardez-moi là,