Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/562

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à ce que l’ouverture fit face au mur, ou plutôt à la charpente du toit. Cassy alluma une petite lampe, et se glissant sous les solives, elles s’établirent dans ce réduit. Il était garni de deux matelas et d’oreillers : tout à côté, une boîte était remplie de chandelles, de vivres et de tous les vêtements nécessaires au voyage, rassemblés en paquets étonnamment petits et compacts.

« Là, dit Cassy, lorsqu’elle eut suspendu la lampe à un crochet, qu’elle avait fixé tout exprès au bord de la caisse ; voici notre maison pour le présent, vous plaît-elle ?

— Êtes-vous bien sûre qu’ils ne viendront pas fouiller le grenier ?

— Je voudrais voir Simon Legris essayer. Non, non ; il préfère s’en tenir à distance. Quant aux domestiques, il n’y en a pas un qui n’aimât mieux être fusillé que de montrer son nez ici. »

Un peu rassurée, Emmeline s’arrangea sur son oreiller.

« Que vouliez-vous dire, Cassy, demanda-t-elle naïvement, quand vous avez parlé de me tuer ?

— Je voulais vous empêcher de vous trouver mal, et j’y ai réussi. Je vous préviens, Emmeline, qu’il vous faut tenir bon, ne pas vous évanouir, quoi qu’il arrive. C’est parfaitement inutile ; si je n’y eusse coupé court, vous seriez maintenant entre les mains de ce misérable. »

Emmeline frissonna.

Toutes deux gardèrent quelque temps le silence. Cassy se mit à lire un livre français, Emmeline, accablée de fatigue, s’endormit. Elle fut réveillée par de violentes clameurs au dehors, le galop des chevaux et l’aboiement des chiens. Elle se redressa en sursaut, et poussa un faible cri.

« Ce n’est que la chasse qui revient, dit froidement Cassy. Ne craignez pas. Regardez par ce trou. Ne les voyez-vous pas tous là, en bas ? — Simon y renonce pour cette nuit.