Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

temps le silence sur les souffrances des opprimés, et l’iniquité des oppresseurs.

« Jésus-Christ, nous écrivait madame Beecher Stowe en son langage biblique, réunissant en une même personne Dieu et l’homme, a relevé l’humanité de la poussière, et l’a faite vénérable : quiconque pèche contre l’homme, pèche donc aussi contre Dieu. »

Son livre est d’un bout à l’autre le saisissant commentaire de cette pensée et de l’admirable précepte évangélique : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit, et votre prochain comme vous-même. »

Juger cette œuvre au point de vue littéraire serait, selon nous, une sorte de profanation. C’est le souffle d’une âme pieuse, « porté sur le courant puissant de l’inspiration divine[1] ; » c’est le sanglot d’une immense pitié pleurant sur les douleurs d’une race asservie ; c’est un cri d’amour, de régénération, d’espérance, retentissant du nouveau monde à l’ancien, et y éveillant des millions d’échos. Devant des accents d’une telle portée la question de talent prend de bien petites proportions.

Mais sous quelles influences se sont développés les sentiments de cette âme généreuse ? par quelles épreuves ce cœur a-t-il passé pour être à la fois si tendre et si vaillant ? où cette observation profonde et vraie a-t-elle recueilli les faits dramatiques et la couleur pittoresque de tant d’émouvants récits ? Voilà ce qu’il importe au public de savoir, et ce que nous apprendront quelques particularités de la vie de madame Stowe, d’ailleurs si pure, si chaste, si bien remplie.

Harriet Beecher naquit en 1812, à Litchfield, dans le Connecticut, au milieu d’une famille nombreuse, vouée presque toute à l’active propagation des saintes Écritures. Élevée à Boston où son père était ministre presbytérien, elle y reçut une de ces excellentes éducations, dont la conscience est l’inébranlable

  1. Paroles de madame Stowe dans sa lettre au docteur Wardlaw.