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LA RELIGION DES GAULOIS

gendes et ses rites avant que les derniers venus de la civilisation vinssent nous imposer leur langue et leur empire. Assurément la langue des Romains est une langue aryenne, il ne peut y avoir à ce sujet aucun doute, mais de ce que la langue est aryenne, il ne s’ensuit pas que la religion le soit ou qu’elle le soit en entier. »

Ces paroles peuvent s’appliquer avec plus de justesse encore à la Gaule qu’à l’Italie. Ce serait une grande erreur de considérer comme un panthéon primitif le panthéon gaulois tel que César nous le présente. La Gaule, avant d’en arriver là, avait traversé des révolutions qui avaient laissé dans le pays des traces profondes. Ces vérités commencent à s’imposer à tous les esprits réfléchis. L’humanité — chaque pays en particulier — a passé par des états religieux successifs. « De chacun de ces états, reste dans le suivant et dans les suivants un résidu qui s’amincit toujours, mais ne disparaît jamais et empêche qu’à aucune époque on ne trouve réellement chez les nations civilisées unité de croyance[1]. »

Vous reconnaissez là, Messieurs, ce que nous avons appelé : les survivances. Ces survivances sont surtout nombreuses dans le domaine religieux. Nous essaierons de remonter à leurs origines.

L’archéologie est en mesure de démontrer — nous en avons donné des preuves surabondantes — que l’unité apparente de la nationalité gauloise à l’époque de la conquête romaine est une illusion. La vérité est que des tribus de types physiques très divers, — brachycéphales, dolichocéphales, mésaticéphales, bruns et blonds, de grande et de petite taille — d’origine très différente, en dehors même des Ibères et des Ligures[2] se sont successivement établies sur notre sol à des époques plus ou moins éloignées les unes des autres et qu’elles ont toutes concouru, dans des proportions inégales, mais très reconnaissables, à la constitution définitive du groupe social auquel les auteurs classiques ont donné les noms de Celtes et

  1. Auguste Comte.
  2. Voir La Gaule avant les Gaulois, 2e édit., p. 328.