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Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/49

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n’éprouve également aucune sensation si, prenant une épingle ou une broche, on traverse le derme et on l’enfonce dans la profondeur des muscles. Il en est de même des expériences faites avec une forte pile électrique ; le malade est insensible à l’action des plus forts courants portés sur les bras, la poitrine, la face, bien que l’excitation électrique se révèle par la saillie et la contraction la plus énergique des muscles.

« La sensibilité générale est donc réduite à néant.

« La sensibilité musculaire est conservée.

« Ouïe complètement fermée. Il ne reçoit aucune impression des bruits qui se font autour de lui. Le conduit auditif est, dans toute sa profondeur, insensible aux chatouillements et aux piqûres.

« Le goût n’existe plus. Il boit indifféremment : eau, vin, vinaigre, assa fœtida. Les muqueuses de la bouche, de la langue, sont insensibles à la piqûre.

« Odorat. Aucune odeur, bonne ou mauvaise, n’est perçue par le malade ; ni le vinaigre, ni l’assa fœtida. La muqueuse des fosses nasales est insensible dans toute sa profondeur. On peut enfoncer un corps étranger à travers les fosses nasales, jusqu’au voile du palais, sans provoquer ni chatouillement ni éternuement.

« Vue. La vue est, comme les autres sens, fermée aux impressions extérieures, mais peut-être d’une façon moins complète. Le malade nous a semblé, à plusieurs reprises, n’être point insensible aux effets des objets brillants ; mais la sensation qu’ils déterminent en lui ne lui donne que des notions si confuses, qu’il appelle aussitôt le toucher à son aide pour arriver à la connaissance de la forme, du volume, des contours, etc.

« Le toucher. Le toucher est, de tous les sens, le seul qui persiste et met le malade en rapport avec le monde extérieur. La délicatesse avec laquelle il promène ses mains sur les objets, l’usage qu’il a su faire du toucher dans mille occasions auxquelles nous avons assisté, témoignent d’une finesse, d’une subtilité de ce sens, supérieures à la