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nous apprend qu’Agricola était né dans nos provinces, mais sans faire connaître dans quelle ville il avait vu le jour. Peut-être est-il possible de déterminer avec vraisemblance l’époque de sa naissance. On voit, par le texte qui vient d’être reproduit, qu’il mourut âgé de soixante ans. D’une part, le célèbre imprimeur Petrucci publiait ses œuvres en Italie dès 1505, ce qui prouve que sa renommée s’était déjà étendue hors de son pays ; d’une autre part, il est dit, dans la complainte de Crespel sur la mort d’Okeghem, qu’Agricola fut élève de ce maître. Or, il paraît certain qu’Okeghem ouvrit son école en 1462, époque où il quitta le service de Louis XI. En rapprochant cette date des circonstances qui viennent d’être indiquées, on arrive à conclure qu’Agricola dut naître vers 1466 et mourir en 1526 ou 1527. Agricola était célèbre, suivant le Dialogue funèbre, par la voix et par les mains. Ces expressions témoignent de son habileté comme chantre et comme exécutant. Ce fut ce double talent qui lui valut d’entrer au service de Philippe, archiduc d’Autriche, prince souverain des Pays-Bas, qui devint roi de Castille par sa femme Jeanne la Folle, fille de Ferdinant et d’Isabelle. Quand Philippe et Jeanne allèrent, en 1506, prendre possession de leur royaume de Castille, Agricola les suivit comme faisant partie de leur maison. C’est à cette circonstance que fait allusion le passage de l’épitaphe où il est dit qu’il fut tiré de la Belgique par le roi Philippe.

On trouve dans un des registres intitulés : Maisons des Souverains et des gouverneurs généraux (Archives du Royaume à Bruxelles, t. I, fol. 108 v°), une annotation ainsi conçue en marge de l’ordonnance de Philippe le Beau, datée du 1er juin 1500 (n. s.) : « Monseigneur l’Archiduc a retenu Alexandre Agricola chapelain et chantre de sa chapelle, oultre le nombre icy déclaré, pour servire d’ores en avant dudit estat, aux gaiges de xii s. par jour. » On voit par des extraits des comptes du premier voyage de Philippe le Beau en Espagne, contenus dans le même registre, que le chantre Agricola reçut une gratification, ce qui fait connaître que notre artiste accompagna le prince dans ce voyage. Enfin Alexandre Agricola figure également dans les divers états des gages des officiers de la maison de Philippe le Beau, qui sont conservés aux Archives du royaume de Belgique. Le dernier de ces états est du 18 septembre 1505. Philippe était alors à Bruxelles. Il avait fait, dans cette même année, en Hollande, un voyage où la chapelle de la cour l’avait accompagné. Il y a tout lieu de supposer qu’après la mort de Philippe le Beau, Agricola entra au service de Ferdinand d’Aragon, nommé régent du royaume, et qu’il passa ensuite à celui de Charles-Quint, quand ce prince prit possession du royaume d’Espagne. Ce qui fortifie cette conjecture, c’est qu’on apprend, par un passage du Dialogue funèbre, qu’Agricola mourut au territoire de Valladolid et que la cour se trouvait en cette ville à l’époque où, d’après le calcul qui a été fait plus haut, notre artiste fut enlevé par une fièvre aiguë. C’est à Valladolid que Philippe II est né en 1527, et nous avons fixé à cette même année la date probable du décès d’Agricola.

Voici la liste des œuvres publiées d’Agricola : 1o Deux motets à trois voix, dans le recueil imprimé à Venise, en 1502, sous le titre de Motetti xxxiii ; 2o Un livre de cinq messes intitulé : Misse Alexandri Agricolœ, publié à Venise en 1504, également par Petrucci ; 3o Dans le quatrième livre de motets publié par le même éditeur (Venise, 1505), le motet à trois voix commençant par ces mots : Pater meus est Agricola ; 4o Deux lamentations, l’une à trois voix et l’autre à quatre, données dans le recueil : Lamentationum Jeremiœ prophetœ liber primus (Venise, 1505) ; 5o Cinq chants à quatre voix contenus dans le rarissime recueil intitulé : Canti cento cinquanta (Venise, Petrucci, 1503) ; 6o Deux Patrem dans un recueil de fragments de messes de divers auteurs (Venise, Petrucci, sans date) ; 7o Enfin Érasme Rotenbucher a inséré une chanson latine d’Agricola sur les paroles Arce sedes Bacchus, dans sa précieuse collec-