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Sprache und Litteratur. Tübingen, 1844. Cette publication est faite d’après le manuscrit provenant de l’abbaye de Combourg, actuellement aux archives de la ville de Stuttgard. Un second manuscrit, conservé à la bibliothèque de l’Institut d’Amsterdam, est décrit par Willems, dans le Belgisch Museum, t. IV, p. 102. Des fragments d’une autre traduction furent découverts par M. Bormans. (Voyez le Letterbode de 1854.)

La traduction flamande est plus agréable à la lecture que l’original, parce que les longueurs et les répétitions fastidieuses en sont retranchées ou fondues avec beaucoup de talent. L’auteur, Henri van Aken, s’y nomme du lieu de sa naissance Henri de Bruxelles.

3o Le Miserere du reclus de Moliens, de la fin du xiie siècle, fut traduit en partie par Gilles de Molhem, et achevé par Henri. M. Serrure, qui en a publié le texte flamand (Vaderlandsch Museum, t. III, p. 235), pense que ce dernier, qui vécut longtemps après Gilles de Molhem, fut Henri van Aken. Willems (Belgisch Museum, t. IV, p. 105) est d’un avis différent et croit que les vingt-cinq derniers couplets sont dus à un autre poëte qui portait le même prénom.

4o Le quatrième livre du Wapen Martin. — Le chef-d’œuvre de Jacques van Maerlant, le Wapen Martin, avait fixé l’attention des hommes les plus savants de son siècle : c’est un poëme lyrique où les questions les plus élevées, tant philosophiques que sociales, sont traitées, avec un talent et une sagacité rares à cette époque. Henri van Aken écrivit le quatrième livre d’après ce modèle, et sa composition mérite aussi les plus grands éloges. Les strophes y ont la même élégance et les idées la même hardiesse que celles de son prédécesseur.

Au temps de ces poëtes, les communes s’élevant au milieu de la féodalité, s’affranchirent bientôt, et, imbues des principes de l’ancien droit germanique, elles favorisèrent l’émancipation des serfs. Ce fut alors que les bases de l’ancien état social s’affaissèrent par l’absence de tout sentiment d’honneur chez les puissants et les grands. La chevalerie n’y est aucunement ménagée : c’est par ses vices et par sa nonchalance que les chrétiens furent chassés de la Palestine, que le port de Saint-Jean d’Acre tomba au pouvoir des infidèles, que la terre sainte gémit encore sous le joug des Musulmans et tend en vain ses mains suppliantes vers l’Occident.

Nous transcrivons ici les 19e et 26e couplets, afin que le lecteur puisse juger par lui-même de la pureté du langage et de l’excellente versification, ainsi que des tendances du poëte :

Jerusalem ende Calephas,
Ende Akers, dat gewonnen was,
    Ende Suers, die goede stede,
En es Fransoys, Bihemere noch Sas,
Die daer heeft eens honts gebas.
    Die houdt kerstennen sede.
Nu maect men der heidenen tas,
Daer Maria selve genas
    T’onser salichede.
Die werelt is broesscher dan glas ;
Die trouwe soect, hi vint gedwas ;
    Dit es al waerhede.
T’Akers, seker syt das,
Soechmen die kerstene dore haer vas ;
    Dat was jammerhede.
Wi sonden segel ende was ;
Mer niet en leden wi den pas,
    Wat men ons misdede,
    Wine wouden daer niet mede.


Jacob, die bi rade doet,
Dat hi doet es hem goet.
    Mi en mach geen dichten deren ;
Ic ben dies seker ende vroet
Dat ic al myn leven dichten moet
    Ende meest op die heren.
God moet er mi toe geven spoet
Dor sinen lieven oetmoet,
    Sonder weder keren.
Hebbic syn gratie metter vloet,
Al liggie hier onder voet,
    Hi sal mi ginder eren,
Alse dat vute valsche bloet
Liggen sal in die gloet,
    In dat lange beseeren.
Helpt, God ! in u behoed
Set ic minen sin ende minen moet ;
    Ende helpt mi, Here, leren
    Myn scip ten besten keren.

5o Les Enfants de Limbourg, poëme épique de grand mérite, divisé en douze chants et contenant plus de vingt mille vers, fut composé quand l’idée du rétablissement de l’empire latin de Constantinople subsistait encore dans toute l’Europe. Les Grecs et les Latins, réunis sous le même drapeau, avaient refoulé les Turcs jusqu’au delà du Caucase : la transmigration fut nombreuse, et les croisés établirent alors plusieurs principautés dans ces contrées. C’est cette épo-