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cile de Latran, dans lequel les erreurs des Vaudois furent proscrites ; qu’Alain y ayant fait preuve de savoir, ait été chargé par le pape d’écrire contre les nouvelles erreurs ; qu’à son retour en Angleterre, en 1179, il fût nommé prieur de Cantorbéry, première dignité dans cette Église après celle d’archevêque ; qu’enfin, pendant la vacance du siége, il soutînt si vigoureusement les droits du chapitre, qu’il indisposa contre lui le roi et le nouvel archevêque, lesquels le firent élire abbé de Tewkesbury, afin de l’éloigner et de le punir de son inflexible roideur. Les historiens anglais ne donnent plus d’autres détails sur sa vie. Il est assez probable qu’à la suite de nouveaux désagréments, il se démit de son abbaye pour repasser en France, où il composa quelques-uns de ses ouvrages, et qu’enfin il se retira à Cîteaux, où il mourut en 1202.

Un point digne de remarque, c’est que les écrivains anglais sont d’accord pour placer sous cette même date la mort de leur abbé de Tewkesbury[1].

Voilà les conjectures de dom Brial. Jusqu’à ce que l’on produise des preuves positives qui puissent les infirmer, nous les admettons comme de précieuses données historiques et comme des lumières propres à nous éclairer au milieu des ténèbres qui enveloppent l’histoire de maître Alain de Lille.

Ses œuvres ont été publiées pour la première fois à Anvers, en 1653, in-folio, par Charles De Visch, prieur de l’abbaye des Dunes à Bruges, sous le titre : Alani Magni de Insulis, Doctoris universalis, opera moralia, parenetica et polemica, tineis et blattis erepta, et notis illustrata. Cette collection a été reproduite, avec des additions, dans le t. CCX de la Patrologie latine de Migne, d’après laquelle nous allons donner la liste de ses ouvrages, en y ajoutant celle des écrits qui ne se trouvent pas dans les deux collections ou qui sont restés manuscrits.

1o Compendiosa in cantica canticorum in laudem Deiparœ Virginis Mariœ elucidatio (Migne, t. CCX, p. 51). Ce court commentaire, dont on conserve un manuscrit à la Bibliothèque royale à Bruxelles, no  2296, prouve la vénération d’Alain pour la sainte Vierge. Un manuscrit de Saint-Martin de Tournai marque que le commentaire fut composé à la demande du prieur de Cluny. Si son nom y était exprimé, on aurait à peu près l’époque à laquelle Alain composa cet ouvrage.

2o Summa de arte prœdicatoria (Ibid., p. 111). Par ces esquisses de sermons sur presque tous les sujets de morale, Alain paraît avoir voulu réformer les défauts des prédicateurs de son temps.

3o Sermones octo (Ibid., p. 197). Ces discours, publiés d’après un manuscrit de l’abbaye d’Alne, au diocèse de Liége, sont suivis d’un fragment de sermon sur les tentations, pour le jour de la fête de saint Augustin.

4o Sermones alii (Ibid., p. 222), trois discours extraits d’un manuscrit de l’abbaye des Dunes. Giles mentionne un manuscrit de la Bibliothèque Bodléenne d’Oxford, renfermant deux discours d’Alain, et un manuscrit existant autrefois à Louvain, dans lequel se trouvaient des discours et des lettres. Nous ignorons si ces pièces diffèrent de celles qui sont indiquées ici sous les nos 3 et 4.

5o Liber sententiarum et dictorum memorabilium magistri Alani de Insulis, concionatoribus ac in universum theophiliœ studiosis omnibus utilissimus (Ibid., p. 229). Ce sont des pensées détachées sur différents textes de l’Écriture sainte. Ce livre, également publié d’après un manuscrit de l’abbaye des Dunes, est appelé autrement Doctrinale altum, pour le distinguer du livre des paraboles, écrit en vers et qui a pour titre : Doctrinale minus, mentionné plus bas sous le no  13.

6o Dicta alia, quœ communiter Mirabilia nuncupantur, sed forte melius Memorabilia (Ibid., p. 233), d’après le même manuscrit de l’abbaye des Dunes.


    l’un d’eux s’écria : Tu es le diable ou bien Alain ! Je ne suis pas le diable, répondit-il, mais je suis Alain. Dès ce moment, l’abbé voulut lui céder sa place ; Alain fut reconnu pour ce qu’il était et le pape ordonna qu’on attachât à sa personne deux clercs pour écrire sous sa dictée. » Hist. litt. de la France, t. XVI, p. 400.

  1. Voir Giles (ouvr. cit.), p. ix de la préface.