Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/20

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certes il ne faut pas toiser de même le génie et le talent, ni vouloir donner d’aussi larges proportions à la biographie d’artistes et de savants estimables, d’écrivains laborieux, de vaillants capitaines, mais qui, hissés trop haut, ne se trouveraient plus évidemment à leur place.

Si un tel livre doit se garder d’exagérer le mérite des hommes, il ne doit pas davantage se borner à raconter la vie de personnages célèbres, ni accueillir tous les Belges qui ont obtenu quelque notoriété : c’eût été là un autre écueil. Il ne s’agit pas de composer un plaidoyer en faveur de l’excellence du caractère belge, mais de mettre en relief la mémoire des hommes distingués du pays, et d’arracher parfois à l’oubli des noms qui, pour être modestes, n’en rappellent pas moins un mérite réel. Il faut être animé d’un vif amour patriotique, mais ce sentiment ne doit pas étouffer celui, plus sacré encore, de la vérité et de la justice.

Notre recueil est donc un répertoire alphabétique où sont réunis tous les hommes qui, quelle que soit l’inégalité de leur valeur individuelle, ont acquis dans notre histoire nationale une célébrité quelconque. Si l’Académie avait compris différemment son œuvre, elle serait arrivée à des classifications arbitraires. Toutefois, il n’a pas été donné à cette généralisation du mérite personnel une extension sans bornes. Cet ouvrage n’étant pas l’histoire d’une époque, d’une province ou d’une ville, mais bien celle d’hommes pris individuellement, à cause d’une participation notoire aux événements ou au mouvement artistique, littéraire et scientifique, on n’a choisi, parmi l’infinité de noms qui apparaissent dans les annales du pays, que ceux qui ont un caractère assez précis pour former l’objet d’une appréciatian spéciale.

Ainsi, pour citer un exemple, dans les annales de nos communes, dans l’histoire des artistes, dans les relations des guerres, des faits d’armes locaux, des croisades, où arriverait-on s’il fallait nommer tous ceux qu’on y voit figurer, alors que les renseignements manqueraient pour pouvoir prendre dans leur existence une action particulière, une œuvre quelconque, un acte de courage précis, de nature à leur attribuer un caractère propre ? « En effet, comme le dit M. Éd. Fétis, dans son quatrième rapport annuel, il ne suffit pas, pour avoir une notice dans ce recueil, d’être cité à une page quelconque de l’histoire religieuse ou de l’histoire politique, pas plus qu’il ne suffit, s’il s’agit d’un écrivain ou d’un artiste, d’être mentionné dans les comptes de la maison d’un prince. Il faut s’être distingué, soit par ses actions, soit par ses œuvres ; il faut s’être détaché de la masse et avoir conquis le privilége de l’individualité. Comment écrirait-on la biographie d’un personnage qui n’est nommé que pour la participation collective qu’il a prise à un événement historique, si l’on ne possède pas de détails sur sa vie, si l’on n’a rien à rapporter qui lui soit personnel ? L’auteur de la notice fera-t-il, à l’occasion de ce personnage le récit