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valiers et d’une compagnie de fantassins fournie par la ville de Huy, fit brusquement changer la face du combat. Enfonçant les lignes des Brabançons et des Flamands, il les contraignit à prendre la fuite, laissant plus de quatre cents d’entre eux sur le champ de bataille. Godefroid le Barbu y perdit même un étendard richement brodé en or, que lui avait donné sa fille, la reine d’Angleterre, et qu’il faisait conduire sur un char magnifique traîné par des bœufs. L’abbé Rodulphe fut réintégré dans ses fonctions ; mais la paix ne fut définitivement conclue qu’en 1131. Gislebert et Godefroid se rendirent à Liége, implorèrent le pardon de l’évêque et furent relevés des censures ecclésiastiques dont Alexandre, suivant les usages du temps, s’était empressé de les frapper.

Arnoul n’était pas moins remarquable par sa piété éclairée que par sa valeur et ses talents militaires. Il fut l’ami et le protecteur des célèbres abbés de Saint-Trond Thierri et Rodulphe. En 1128 ou 1131, il fonda l’abbaye d’Averbode, qui joua plus tard un rôle si important dans l’histoire du Brabant. Il en fit don à l’ordre des prémontrés, que saint Norbert venait de créer pour régénérer les mœurs du peuple, et obtint, en 1139, des lettres d’Innocent II, par lesquelles ce pape plaça le nouveau monastère sous la protection immédiate de l’Église romaine.

Arnoul jouissait d’une grande considération parmi ses contemporains et remplit, plus d’une fois, le rôle d’arbitre dans les différends survenus entre ses voisins. Il réussit notamment à amener une réconciliation entre Thierri VI, comte de Hollande, et Herman, comte de Cuyck, que divisaient des haines héréditaires. Il était accueilli avec une grande distinction à la cour des empereurs d’Allemagne, et son nom paraît fréquemment parmi ceux des témoins mentionnes dans les chartes octroyées par Henri IV, Henri V, Lothaire II et Conrad III.

En 1145, Arnoul céda son comté à Louis, son fils aîné. Il mourut probablement en 1146 et laissa plusieurs enfants de son mariage avec Alix de Bavière, à qui Mantelius donne à, tort le nom d’Agnès (Bertholet, Histoire du Luxembourg, t. IV, préf., p.xxvi). La victoire de Wilderen avait entouré son nom d’un éclat extraordinaire. Les habitants du pays de Looz conservèrent longtemps le souvenir de ce brillant fait d’armes, et, comme toujours, l’imagination populaire lui donna des proportions dépassant de beaucoup la réalité. Au milieu du xviie siècle, Mantelius, procédant avec sa naïveté habituelle, s’écriait encore : « Par quel panégyrique, héros illustre, pourrai-je dignement célébrer ta victoire ? A quel guerrier de l’antiquité dois-je te comparer ? Certes, l’honneur suprême de la guerre consiste à rétablir un combat chancelant, à arracher la victoire à un ennemi déjà vainqueur, à raffermir le courage des siens, à jeter la terreur dans l’âme de ses adversaires…. Si tu avais trouvé, pour célébrer tes actes, un historien de la taille de ceux de l’ancienne Rome, la patrie t’opposerait avec orgueil à tous les capitaines des âges écoulés ! » (Hist. loss., p. 97).

Le champ où Godefroid perdit sa bannière reçut le nom de Standaert, qu’il porte encore aujourd’hui.

J.-J. Thonissen.

Auteurs cités sous la vie d’Arnoul V.

ARNOUL III, comte de Looz, succéda à son frère Louis II et prit les rênes du gouvernement en 1218. Ce prince, dont le règne fut constamment paisible, ne se fit remarquer que par de nombreuses fondations pieuses dues à son zèle pour les progrès de la religion. Son premier acte de souveraineté fut d’assurer aux religieuses de Herckenrode la possession perpétuelle des dîmes de Hasselt, de Kermpt, de Curange et de quelques lieux voisins. Il leur concéda en même temps, avec l’assentiment de sa femme Alix, le patronat de l’église de Hasselt et le droit de pêcher dans le Demer, pour l’usage des malades, depuis le grand pont de Curange jusqu’au moulin de Tuylt. L’abbaye avait été fondée, en 1182, par le comte Gérard, et ce fut, paraît-il, pour se conformer aux vœux de Louis II, son prédécesseur immédiat, qu’Arnoul émit, dès 1218, les déclarations dont nous venons de parler. En 1220, il donna aux