Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riales délivrées par les prétendus vicaires généraux d’Utrecht. De retour en Hollande, il fut d’abord nommé chapelain ou vicaire au Helder, petit village situé à l’extrémité nord de la Hollande, vis-àvis de l’île de Texel. Dix-neuf mois après, il passa, en la même qualité, à l’île de Nordstrand, dépendance du Danemark, et qui, pendant environ un demi-siècle, avait servi de lieu de refuge aux jansénistes les plus exaltés. Il y exerça les fonctions de vicaire jusqu’en l’année 1723, lorsqu’il fut nommé curé à Vianen, en Gueldre. Ce fut vers cette époque qu’il commença à avoir des doutes sur la légitimité du chapitre et de la hiérarchie ecclésiastique de la prétendue Église d’Utrecht. Un débat sur cette question, qui eut lieu entre quelques adeptes, et auquel Backhusius assista chez Erkelius, au béguinage de Delft, éveilla en lui le désir d’examiner de quel côté se trouvaient la vérité et le droit. Il ne tarda pas, grâce à la droiture de son caractère, à reconnaître qu’il s’était fourvoyé en s’attachant au parti janséniste ; et, dès l’année 1725, il abandonna le schisme pour rentrer dans le giron de l’Église catholique. Cette conversion inattendue déconcerta vivement ses anciens amis, et remplit leurs cœurs de dépit et de haine. Ils lancèrent aussitôt contre lui de nombreux pamphlets, dans lesquels ils le dénigraient de toutes les manières, mais surtout en lui reprochant sa trahison et son inconstance. Backhusius riposta vigoureusement à toutes ces attaques, et fit paraître, presque immédiatement, pour sa défense, trois ouvrages. L’année même de son abjuration (1725), il publia, sous le titre de : Plenaria Sedis Apostolicæ in Missionem Batavam asserta jurisdictio, un écrit ayant pour but de prouver que le chapitre d’Utrecht n’avait aucune existence légale ou canonique. L’année suivante parut la Responsio Apologetica, mémoire dans lequel il justifie péremptoirement la conduite qu’il a tenue, et expose les motifs qui ont déterminé son retour à l’Église. Le troisième écrit apologétique de Backhusius, portant le titre de : Bewysschrift, et imprimé à Utrecht, en trois volumes, de 1726 à 1732, traite le même sujet que le premier, mais d’une manière beaucoup plus étendue.

Après sa conversion, Backhusius se fixa d’abord à Malines, où il trouva deux protecteurs : le cardinal Thomas-Philippe, et son secrétaire Hoynck van Papendrecht, qui lui firent un accueil des plus bienveillants. Pendant les premières années de son séjour en Belgique, Backhusius fut chargé par ses bienfaiteurs de plusieurs missions relatives aux affaires des jansénistes de Hollande. Personne mieux que lui n’était en état de fournir sur ces affaires des renseignements exacts ; il connaissait parfaitement les intrigues de ses anciens amis, et, par cette raison, parvenait facilement à découvrir leurs nouveaux projets. Attaché, plus tard, en qualité de chapelain, à la maison du comte Frédéric de Harrach, premier ministre de Marie-Élisabeth, gouvernante des Pays-Bas autrichiens, il résida pendant quelques années à Bruxelles, jusqu’en 1739, époque où il fut nommé, par le souverain pontife Clément XII, chanoine à la cathédrale de St-Donat à Bruges. Il mourut dans cette ville, à l’âge de quatre-vingt-douze ans.

Tous les ouvrages qu’il a publiés traitent de l’histoire du jansénisme en Hollande, au commencement du xviiie siècle. En voici les titres :

Plenaria Sedis Apostolica in Missionem Batavam asserta jurisdictio ac prætensi Trajectensis capituli inanitas. Sans lieu d’impression, ni nom d’imprimeur, MDCCXXV ; vol. in-16 de 237 pp. — 2° Responsio apologetica Tilmanni W. Backhusii, e schismate Janseniano in pacem catholicam reversi, adversus turbulentos secessionis suæ criminatores. Amstelodami, J. van Septeren, 1726 ; vol. in-16 de 119 pp. Dans cet ouvrage, divisé en trois parties, l’auteur fait l’histoire de sa vie jusqu’au moment où il abandonna le schisme. — 3° Bewysschrift, aantoonende dat den Apostolische Stoel het volle geestelyk Regtsgebied over de Hollantsche Zendinge altyd gehad en wettig geoeffent heeft. Mitzgaders de Nietigheid en meenigvuldige Buitenspoorigheden van het onlangs verzonne Utregtsche Ka-