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aumônier de la ville d’Anvers et présida comme tel à l’administration du bien des pauvres. Il devint échevin en 1784. Mais c’est surtout par sa participation à la révolution brabançonne qu’il se recommande à notre attention. Bien que fils de fonctionnaire autrichien et d’une race signalée par sa fidélité aux Habsbourg, il se mit du côté de l’opposition vandernootiste. Comme membre du comité d’Anvers, il fut commis avec le sieur Grisar à inventorier les effets militaires contenus dans la citadelle, à la suite de sa reddition aux patriotes (29 janvier 1790). Lorsque le congrès souverain, débordé par les difficultés de son rôle, appela à son aide de nouveaux députés (23 août), de Baillet alla s’asseoir parmi les vingt membres du Brabant. Il semble avoir été accueilli par les puissances du jour comme un auxiliaire en qui on pouvait avoir toute confiance. Nous le voyons bientôt figurer dans un comité nommé, le 1er septembre, pour « disposer sur toutes les affaires attendant décision » avant le 9, jour de la réunion des états généraux. C’est encore comme délégué du congrès qu’il accompagna Vandernoot au camp de la Meuse : du conseil de guerre qu’ils y tinrent (le 18) avec les généraux Kœhler et Schœnfeld sortit l’attaque (du 22), où vint échouer tristement la fameuse croisade de septembre. Au retour de cette malheureuse expédition, on le choisit pour représenter le Brabant dans une commission nouvelle chargée de la lourde tâche « d’examiner mûrement ce qu’il convenait de faire pour le salut et le bien-être de la république. » Pour concilier autant que possible les prétentions des diverses provinces, encore peu faites à l’union, le congrès avait organisé un roulement suivant lequel le droit de désigner le président pour la huitaine devait appartenir à chaque province successivement. Le Brabant désigna entre autres le comte de Baillet, dont nous trouvons le nom au bas d’une circulaire (9 octobre 1790), annonçant aux états des provinces la célébration, à Bruxelles, par le congrès et les états généraux, de l’anniversaire de l’indépendance (le 24 octobre 1789) et les invitant à fêter solennellement cette date dans leurs ressorts. Cependant les événements se pressaient et la république des États belgiques voyait arriver à grands pas son heure dernière. L’Empereur avait offert un armistice et de grandes concessions, sous la condition d’une soumission volontaire (14 octobre). Les Belges avaient, jusqu’au 21 novembre, paru délibérer. Les états éperdus, impuissants à dominer la fureur populaire, par eux-mêmes excitée, essayèrent de suspendre, au moins pendant quelque temps, une exécution qui pouvait leur devenir fatale. Ils adressèrent aux plénipotentiaires des puissances médiatrices réunies à la Haye, ainsi qu’au comte de Mercy, le fondé de pouvoirs de Leopold, une note où ils acceptaient l’armistice, mais demandaient une prolongation de délai ; et, comme pour ne pas démentir leur fanatisme révolutionnaire, voulaient qu’on remontât, pour le rétablissement de leur ancienne et légale constitution, au delà du règne, trop réformateur à leur gré, de Marie-Thérèse. Le comte de Baillet fut chargé, avec MM. de Grave, Petitjean et de Bousies, de porter cette réponse, où l’on reconnaît aisément la plume nuageuse qui a rédigé le manifeste brabançon. Cette mission n’était pas sans danger, à cause de l’exaspération populaire ; et d’autres avaient refusé, le mois précédent, de courir les risques d’une commission de ce genre. Les députés écrivirent à la Haye, le 20 novembre, une déclaration infiniment plus claire et nette, promettant l’armistice et demandant l’admission de députes belges à de nouvelles conférences pour « mettre fin aux troubles et assurer la liberté civile et religieuse. » Ils finissaient par protester de leur bonne foi, qualité, disaient-ils, « qui caractérise et a toujours caractérisé leur nation. » Mais ce moyen de solution échoua : les troupes de Bender reprirent, en une quinzaine de jours, possession de la Belgique entière ; et il ne resta plus aux provinces, dont l’union était désormais brisée, qu’à envoyer au comte de Mercy l’assurance de leur soumission, dans l’espoir d’en obtenir le meilleur traitement possible. Le comte de Baillet fit encore partie des seize membres de cette députa-