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BALDE (Henri), écrivain ascétique, né à Ypres, le 4 juillet 1619, entra dans l’ordre des Jésuites le 20 septembre 1640. On ignore la date de la mort de ce religieux. Il n’est connu dans l’histoire littéraire que par un traité sur les vérités du christianisme, qui eut successivement plusieurs éditions, dont la première remonte à l’année 1673 ; elle a pour titre : Nieuwe christelyke waerheden leerende wel leven ende wel sterven, door P. Henricus Balde. Tot Brussel, G. Stryckwant, 1673 ; in-12. Les frères De Backer énumèrent, dans la Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, t. III, pp. 107-108, différentes éditions de ce livre, qui fut traduit en latin, en français et en allemand. Il a encore été réimprimé dans cette dernière langue, à Mayence, en 1842.

Bon de Saint-Genois.

*BALDÉRIC ou BAUDRY, en latin BALDERICUS, chroniqueur, vivait au xie siècle. Il nous a légué une chronique qui constitue une des plus anciennes et des plus précieuses sources de notre histoire. C’est à ce titre qu’il mérite de figurer ici ; car, bien qu’on ignore le lieu de sa naissance, tout porte à croire que l’auteur de la chronique d’Arras et de Cambrai a vu le jour dans cette dernière ville, bien que nous n’en puissions produire aucune preuve directe. Il y occupa successivement le poste honorable de secrétaire, d’abord auprès de l’évêque Gérard de Florennes, avant 1050, puis auprès de Liébert et de Gérard II. Ce dernier l’envoya à son collègue Hubert de Thérouanne, qui avait besoin d’un confident de ses peines. Baldéric mourut, vers 1097, chantre de la cathédrale de Thérouanne. On l’a confondu longtemps avec un de ses contemporains, portant le même nom et qui fut évêque de Noyon el de Tournai. C’est aux Bollandistes qu’on est redevable de la rectification de cette erreur. Notre chroniqueur passa ses jours dans la familiarité des prélats, sans parvenir lui-même jusqu’à la dignité épiscopale. Dans sa lettre à Hubert de Thérouanne, datée de 1082, l’évêque de Cambrai le représente comme un homme lettré et parfaitement au courant de ce qui concerne le pays des Morins, « sa récente chronique, qui traite de ce diocèse et de celui de Cambrai le prouve. » Faut-il induire de ces paroles que Baldéric eût composé, ainsi que l’avancent certains bibliographes, une chronique morine, chronicon morinense ? En tout cas, cette œuvre, si elle a jamais existé, ne se retrouve plus. C’est à tort qu’on attribue aussi au docte chanoine la vie de saint Liébert, dont, en réalité, l’auteur est un moine nommé Raoul. Il en est autrement de la vie de saint Géry, dont la paternité ne peut guère être contestée à Baldéric. Mais ce ne sont là que des ouvrages secondaires ; la chronique d’Arras et de Cambrai, le plus certain et le plus important des écrits de Baldéric, mérite seule que nous jetions sur elle un rapide coup d’œil.

Elle s’ouvre par une dissertation sur les causes de la fondation des villes en général, pour en venir à l’origine de Cambrai et d’Arras. L’écrivain consent à en ignorer les fondateurs : ce qui n’est pas d’une médiocre sagesse à cette époque amie des fables. De César, vainqueur de Commius, il passe à Clodion, conquérant de Cambrai, et poursuit ainsi, de chapitre en chapitre jusqu’à 1066, au milieu de l’épiscopat de Liébert (1050-1076). C’est un caractère commun aux anciennes annales, rédigées par des clercs, que de subordonner tout aux destinées du sacerdoce, et en cela, Baldéric ne se distingue point des écrivains contemporains. Mais il y a entre les divers livres de son ouvrage une différence marquée qui ne laisse pas que de faire quelque honneur à son sens historique : tandis que les deux premiers livres, où il n’a fait que compiler des documents ou des traditions, ne sortent guère des miracles et des monastères, le troisième, où il raconte ce qui s’est passé de son temps, est rempli d’événements politiques du plus haut intérêt, tels que la lutte du comte Lambert contre le duc de Lotharingie et l’invasion en Flandre de l’empereur Henri III. Cette partie de la chronique constitue la principale source où ont puisé les historiens de notre pays.

Baldéric a eu des abréviateurs et des continuateurs. Les suppléments publiés