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lui conférant le titre de capitaine général de l’artillerie[1]. Nous le trouvons, en 1673, en Espagne, revêtu de la charge de conseiller au conseil suprême de guerre[2]. Il mourut à Madrid au mois d’avril 1674, et y fut inhumé au couvent des Capucins de la Patience[3]. Il avait épousé Marie de Barbançon, vicomtesse de Dave.

Moréri, l’auteur de la Historia de la Orden del Toison de oro et d’autres encore rapportent qu’Albert de Ligne fut créé duc par l’empereur Ferdinand III, en 1644. Ceci a besoin d’explication : Le diplôme du 9 juin 1644, par lequel Ferdinand III érigea en duché de l’Empire la principauté d’Arenberg, en conférant au prince Philippe-François d’Arenberg et à son frère Charles-Eugène le titre de duc[4], étendit cette dernière grâce à leurs cousins Philippe, prince de Chimay, et Albert, prince de Barbançon. Une telle concession faite par un souverain étranger à des Belges était contraire aux lois héraldiques des Pays-Bas : l’archiduc Léopold, par un décret du 27 janvier 1651, que Philippe IV approuva le 16 avril suivant, déclara qu’il n’y avait que le duc et la duchesse d’Arenberg qui pussent user de ce titre[5]. Celui de prince de Barbançon fut donc le seul que le gouvernement reconnut à Albert de Ligne.

Gachard.

BARBANÇON (Octave-Ignace de Ligne-Arenberg, prince DE), fils du précédent, né en 1640, mort en 1693. Les renseignements nous manquent, malgré toutes les recherches auxquelles nous nous sommes livré, sur les commencements de sa carrière militaire ; nous savons seulement qu’en 1671, il était parvenu au grade de sergent général de bataille dans l’armée royale aux Pays-Bas[6]. L’auteur anonyme du tableau de la cour de Bruxelles, que nous avons eu déjà l’occasion de citer[7], faisait de lui, vers cette époque, un portrait flatteur : « Il a, disait-il, beaucoup d’esprit et d’agrément et un certain air de gaieté qui plaît fort aux dames et déplaît fort aux hommes : car il a eu assez de querelles avec ces derniers, comme il a eu assez les grâces des premières. Une privauté avec une fort belle chanoinesse lui a attiré sur les bras toute une famille de braves gens qui ont employé le duel et un projet d’assassinat pour en tirer raison ; mais il s’en est démêlé avec beaucoup de cœur, d’adresse et d’honneur. Il a peu de biens, quoiqu’il en mérite beaucoup par son penchant à la générosité et à la gloire ; et, à en parler franchement, c’est un des plus brillants génies des Pays-Bas. »

Le prince Octave de Barbançon épousa, à Madrid, le 7 janvier 1672, doña Teresa Manrique de Lara, dame de la reine Marie-Anne d’Autriche, fille de feu don Iñigo Manrique de Lara, comte de Frixiliana, et de dona Margarita de Távora. Cette union, outre les avantages matériels qu’elle lui procurait, car doña Teresa Manrique apportait à son mari une dot de cinquante mille ecus, lui assurait la faveur de la reine et des ministres espagnols[8]. Au mois d’avril 1674, le comte de Monterey, gouverneur général des Pays-Bas, l’envoya à Londres[9], pour féliciter le roi de la Grande-Bretagne sur le rétablissement de la paix entre cette couronne et les Provinces-Unies[10]. Charles II, en 1675[11], lui conféra la charge de gouverneur et souve-

  1. Patentes du 11 juillet 1658. (Archives du royaume, reg. aux patentes pour les troupes, 1658-1659, fol. 45 v°.)
  2. Il prend ce titre, avec celui de gentilhomme de la chambre du roi, dans une procuration passée à Madrid, le 6 novembre 1673, laquelle est relatée dans un acte du 21 juin 1674, portant cession et transport de la principauté de Barbançon en faveur de son fils Octave.
  3. Historia de la Orden del Toison de oro, t. I, p. 343.
  4. Voy. Biogr. nat., p. 405.
  5. Archives du royaume.
  6. Ce titre lui est donné dans un acte authentique du 8 décembre 1671, que nous avons sous les yeux.
  7. Biogr. nat., p. 409. Ce tableau inédit de la cour de Bruxelles fut écrit en 1668 ; il est intitulé : Discours contenant les portraits des personnes de qualité et de considération qui sont attachées au service de S. M. C. aux Pays-Bas.
  8. Relations véritables, gazette des Pays-Bas, année 1672, pp. 43 et 78.
  9. Gazette de France, année 1674, p. 321. — Relations véritables, année 1674, pp. 360 et 385.
  10. Par le traité conclu à Westminster, le 19 février 1674.
  11. Au mois de juillet. Il prêta serment le 29 octobre (Archives de l’État, à Namur).