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— 2° Considération sur l’unité de la science de l’homme envisagée comme objet de l’art de guérir ; — 3° Réponse du professeur Baud à la lettre du président de la commission chargée de la révision des lois et arrêtés sur l’art de guérir.

Mais l’ouvrage le plus important était son cours de Pathologie chirurgicale ; le manuscrit en existe au complet, mais sa dernière maladie, dit-on, ne lui laissa pas le temps d’en reviser le texte, et la publication ne put avoir lieu. Nous croyons plutôt que, cédant à des scrupules exagérés, il ne voulut pas en permettre l’impression.

Les savants appréciaient ses honorables qualités ; la plupart de nos sociétés médicales, et spécialement l’Académie de médecine de Belgique, tenaient à honneur de le compter dans leurs rangs, de même que plusieurs des sociétés savantes étrangères les plus recommandables. Baud avait fait les campagnes d’Italie ; il avait pris part, pendant huit à dix ans, au service maritime, et sa modestie jamais n’avait attiré sur lui les récompenses honorifiques. Son excessive générosité, surtout envers les pauvres, ne lui avait pas même permis un instant de penser aux soins de sa fortune. Le gouvernement des Pays-Bas, le gouvernement belge qui lui succéda et les États sardes voulurent cependant honorer ses talents ; il fut décoré de l’ordre du Lion Néerlandais, de l’ordre des SS. Maurice et Lazare, et il reçut en Belgique une des trois premières décorations accordées aux hommes de science.

Vers la fin de sa vie, le professeur Baud s’était marié, et deux fils jumeaux excitèrent toute sa tendresse ; mais il ne put, malheureusement, leur consacrer ses soins que pendant peu de temps ; cet excellent homme, assiégé par des maux cruels, s’éteignit bientôt au milieu des siens, âgé de soixante-seize ans. Sa mort excita un deuil général, et ses funérailles réunirent autour de son cercueil toute la population de Louvain et la plupart des savants des villes voisines.

Ad. Quetelet.

BAUDAERT (Guillaume), BOUDART ou BAUDARTIUS, historien, poëte, théologien calviniste, né à Deynze, le 13 février 1565, mort à Zutphen, en Gueldre, le 15 décembre 1640.

Baudaert reçut sa première éducation à Sandwich, en Angleterre, où son père s’était réfugié avec sa famille, vers la fin de 1565, afin de se soustraire aux poursuites de l’inquisition. Il y perdit l’auteur de ses jours, en 1574, et revint, trois ans après, dans sa patrie avec sa mère, ses frères et ses sœurs. La ville de Gand était alors ouverte aux protestants, en vertu du traité dit de la Pacification de Gand ; Baudaert s’y établit et fréquenta le collège réformé, qui comptait plusieurs professeurs distingués. Sa mère étant morte à Gand en 1580 ou 1581, la famille Baudaert se dispersa et Guillaume passa en Hollande (1585) pour y étudier les langues anciennes et la théologie protestante aux universités de Leide et de Franeker. Ses cours étant terminés, et se voyant sans fortune il dut accepter une place de professeur au collége de Sneek, en Frise, où il enseigna, pendant environ deux ans, la prosodie et la langue grecque. Il rassembla ainsi quelque argent et put se rendre, en 1591, à l’Université de Heidelberg, qui possédait une faculté de théologie protestante assez renommée. Il s’y appliqua avec une incroyable ardeur à l’étude de l’Écriture Sainte et de l’hébreu, et y composa son Triplex Index, qui fut imprimé à Francfort, en 1596, à la suite de la version latine de l’Ancien Testament de Tremelius et de Junius. La chaire d’hébreu étant alors vacante à Heidelberg, le Cursus Sanctæ linguæ, comme on le nommait à cette époque, lui fut orfert, mais il ne put l’accepter, ce cours ne rapportant que 50 florins rhénans au titulaire, ce qui était tout à fait insuffisant pour son entretien. Son grand désir était de se rendre à Genève, centre de l’activité et de la propagande protestante et où enseignait alors Théodore de Bèze ; mais ses modestes ressources ne lui permirent pas de faire ce voyage ; il revint donc en Hollande, en 1593, et accepta les fonctions de pasteur à Kampen, dans l’Overyssel. Il y épousa, en 1595, Barbe Martens, fille de l’ancien bourgmestre de cette localité, et en eut un grand nombre d’enfants. Baudaert n’y resta cependant