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premier abbé de ce nom qui gouverna le monastère de Saint-Trond, depuis 999 jusqu’en 1033 ou 1034, époque de sa mort, qui eut lieu le 24 septembre. Fisen, dans ses Flores Ecclesiœ Leodiensis, p. 426, le compte au nombre des personnages vénérables du diocèse de Liége. En effet, c’était un homme d’un grand mérite, aussi distingué par sa piété que par ses talents, soucieux des intérêts de son monastère, où il fit régner l’amour de la discipline religieuse et le goût des études. Un démêlé qu’il eut avec Thierri II, évêque de Metz, lui causa de grands désagréments. Retenu en exil pendant quelque temps à Metz, il fut réintégré d’une manière honorable dans l’administration de son abbaye, par l’intervention de l’évêque de Liége.

Parmi les élèves qui se formèrent à l’école d’Adélard, on remarque son successeur Gontram, décédé en 1055, après vingt années de prélature.

P. F. X. de Ram.

ADÉLARD II, abbé de Saint-Trond, peintre, sculpteur, naquit à Louvenjoul, près de Louvain, au xie siècle. Issu d’une famille noble, il avait été élevé, dès sa plus tendre jeunesse, à Saint-Trond, sous la direction d’Adélard I, son prédécesseur, et il se fit un nom par ses dispositions pour la sculpture et la peinture. Son goût pour les embellissements des bâtiments du monastère et des églises qui en dépendaient, paraît avoir été plus grand que son zèle pour le maintien de la discipline, c’est là au moins le reproche que des écrivains contemporains font à la mémoire d’un homme recommandable sous bien des rapports. La tradition, qui fait d’Adélard II un artiste, s’appuie sur cette phrase assez vague de la chronique du moine Rodolphe (D’Achéry, Spicilegium, t. II, pp. 662 et suiv.) : Neque ignarus de sculpendis pingendisque imaginibus. Il mourut le 6 décembre 1082, après vingt-sept années de fonctions abbatiales.

P. F. X. de Ram.

ADÉLARD I, quatrième abbé commendataire de Stavelot, décédé en 867. Un fait historique remarquable dans l’existence des corporations religieuses, c’est qu’elles s’élèvent avec une puissance et une force inouïes dans les temps de leur humble pauvreté et s’affaissent souvent au milieu des richesses. Les monastères de Stavelot et de Malmedy étaient parvenus déjà à un haut degré de splendeur sous les maires du palais. Les abbés étaient jusque-là nommés par l’élection, selon les règles monastiques, et choisis dans le sein des couvents. Charles Martel, devenu pauvre à force de guerroyer, manquait de l’argent nécessaire pour tenir sous les armes ses soudoyers, et jeta les yeux sur les plus riches monastères. Le roman de Garin de Loherans, un des plus vieux de la langue romane (1157), nous dit qu’il s’adressa au pape pour obtenir la permission de dépouiller les églises, et le pape lui répondit : « Par le sépulcre il n’en irr mis ainsi, venez avant, Charle Martiaus, beau fils, je vous octroye et le vair et le gris, l’or et l’argent dont Clergie est saisi, lors palafrois, les mules et les roncins et les destries courants et arabis. Quant vous aurés vaincu les Sarrasins rendez les deniers, ne les devez tenir. Charles Martiaus a dit : Votre merci ; or est assez, je l’entends bien ainsi. » En effet, il donna les riches abbayes en commende à ses officiers. Les abbés commendataires furent donc créés et ils existèrent jusqu’à la révolution du siècle dernier. Au lieu d’être élus, ces abbés étaient nommés, dans beaucoup d’abbayes, par les empereurs et les rois, et c’est ce qui eut lieu à Stavelot, pendant le ixe siècle. Adélard fut le quatrième de ces abbés commendataires, et, contrairement aux habitudes adoptées par beaucoup de ces dignitaires, il résida dans son monastère. Son origine est inconnue, bien que son nom figure sur les diptyques avec le titre d’abbé-comte, ce qui l’a fait souvent confondre par les historiens avec les deux comtes Adélard, abbés d’Echternach, et avec le comte Adélard d’Austrasie. Cependant, le premier de ces comtes mourut en 856, le second en 889 et le troisième en 881. (Calmet, Hist. univ., t. VII.)

Quant à notre Adélard, il est mort, selon Mabillon, en 864, et selon tous les manuscrits, le 9 avril 867 ; à Stavelot, où