Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/90

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pendant longtemps, sous la direction de ce grand homme d’État, les principales affaires dévolues aux états généraux. Ce fut lui qui servit d’intermédiaire entre les états et Francesco de Mendoça, amirante d’Aragon, lorsque ce général eut été fait prisonnier à la bataille de Nieuport. Enfermé dans le château de Woerden, Mendoça y recevait de nombreuses visites. Non-seulement des gens de médiocre condition, mais des personnages notables, bourgmestres et régents des villes, sollicitaient la faveur d’être admis près de lui. Bientôt il écrivit aux archiducs Albert et Isabelle que, d’après les entretiens qu’il avait eus avec ces nombreux visiteurs, il trouvait, dans les Provinces-Unies, une disposition génerale à la paix. Au mois de janvier 1601, les archiducs l’autorisèrent à répondre à ces dispositions pacifiques et lui recommandèrent de les avertir, de temps en temps, de ce qu’il aurait négocié. Lorsqu’il eut été conduit à la Haye, Mendoça fit communiquer la lettre des archiducs au greffier des états généraux en le priant de se rendre près de lui. Avec l’autorisation des états, D’Aerssen vint trouver Mendoça et lui demanda s’il n’avait point des instructions plus précises. L’amirante lui montra une procuration des archiducs datée du 27 avril 1600 et par laquelle il était autorisé à négocier la paix, sauf leur ratification. D’Aerssen, après avoir lu cette procuration, demanda si l’amirante n’avait pas des pouvoirs plus récents. Mendoça ayant répondu négativement, D’Aerssen se retira et alla rendre compte de cet entretien aux états généraux. Le même jour, avant midi, Mendoça lui exprima, par un billet, le désir d’avoir une nouvelle entrevue avec lui et avec Barnevelt. Toujours avec l’assentiment des états généraux, d’Aerssen, accompagné de Barnevelt, retourna près de Mendoça : c’était le 24 décembre 1601. Une discussion assez vive s’engagea entre Mendoça et Barnevelt. Le premier exalta la puissance du roi d’Espagne et déclara qu’il ne consentirait jamais à la séparation des Pays-Bas. « La puissance du roi d’Espagne est, à la vérité, bien grande, objecta Barnevelt ; mais souvent Dieu vient en aide là où les forces humaines sont inférieures. » Les conférences continuèrent entre D’Aerssen et Mendoça. Celui-ci fit enfin connaître les articles qui, selon lui, pourraient servir de bases à un traité de paix. Il proposait aux états généraux des Provinces-Unies de reconnaître la souveraineté des archiducs, à condition que ceux-ci accorderaient la liberté de religion et une amnistie pour le passé. Le 26 décembre, Barnevelt et D’Aerssen ayant communiqué ces propositions aux états, l’assemblée jugea, dit un ancien historien, qu’on ne pouvait faire une paix chrétienne, honnête et solide en stipulant de pareilles conditions. Vers la fin du mois de février 1607, l’archiduc Albert, désespérant de vaincre la république, envoya en Hollande Jean Neyen, commissaire général des Frères mineurs. Ce moine, originaire de la Zélande, avait professé, jusqu’à l’âge de vingt ans, le calvinisme ; il était insinuant, familier, hardi même. Retiré d’abord à Ryswyck, où il eut quelques entretiens particuliers avec Maurice de Nassau, il obtint enfin la permission de venir à la Haye. Il était accompagné d’un nommé Krauwels, parent du greffier des états généraux. Krauwels présenta Jean Neyen à Corneille d’Aerssen, et le greffier logea dans sa maison l’agent des archiducs. On fit savoir nettement à ce nouvel envoyé que jamais les états généraux ne traiteraient avec Albert et Isabelle, si les Provinces-Unies n’étaient reconnues pour un État libre. Neyen répondit froidement qu’il ne désespérait pas d’obtenir cette concession « pour éviter plus grande effusion de sang. » Le 9 mars, il repartit pour Anvers, sur le bateau de guerre du prince Maurice. Le 17, il était de retour à la Haye. Il apportait une déclaration énonçant « que les archiducs sont contents de traiter avec les états généraux des Provinces-Unies en qualité et comme les tenant pour païs, provinces et Estats libres sur lesquels Leurs Altesses ne prétendent rien. » Des négociations s’ouvrirent alors en vue d’une suspension d’armes, et, le 13 avril, Neyen repartit pour Bruxelles, afin d’obtenir la ratification des archiducs. Quel-