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ment à ses droits sur Saint-Trond, en 1516 ou 1517 ; il obtint d’assez larges compensations pécuniaires. On sait peu de chose de son séjour à Saint-Bertin. En 1520, il fut autorisé par le pape Léon X à consacrer la nouvelle église de cette abbaye, où ses ossements, onze ans plus tard, devaient être déposés.

L’Histoire de la Toison d’or, citée par tous les biographes, n’a pas été retrouvée. Les Gesta abbatum Trudonensium ordinis sancti Benedicti, imprimées dans le Spicilegium de D. Luc d’Achery (1er édition, t. VII, p. 346 et 2e édition, t. II, p. 659 et suivantes), se composent de treize livres, écrits par l’abbé Rodolphe, qui mourut en 1138, et s’étendent jusqu’à son administration, inclusivement. Il est probable que le texte publié n’est pas la reproduction fidèle de l’œuvre de Rodolphe ; du moins les différentes copies de la chronique de Saint-Trond existant à la Bibliothèque royale, surtout celle qui figure depuis le plus longtemps dans ce dépôt, ressemblent fort peu à l’édition donnée par les Bénédictins. Le manuscrit principal comprend quatre parties dont les deux premières sont incontestablement de Rodolphe, sauf quelques retouches à la seconde ; la troisième et la quatrième, embrassant respectivement les périodes 1138-1180 et 1181-1366, ne portent pas de nom d’auteur : mais il n’est pas douteux que la dernière ne soit l’œuvre d’Antoine de Berghes. Quelques-uns sont d’avis que la troisième est de la même main ; si ce fait était prouvé, dit M. Goethals, à qui ont été empruntés la plupart des éléments de la présente notice, toute l’histoire perdrait malheureusement de son autorité. Quoi qu’il en soit, c’est avec raison que le savant bibliothécaire émet le vœu de voir la Commission royale d’histoire publier le texte original de la Chronique de Saint-Trond. Il n’exagère rien en signalant à l’attention les Gesta comme un des documents les plus précieux que nous possédions, au point de vue de la peinture de nos mœurs nationales au moyen âge. Mentionnons, en passant, une observation chronologique de M. Goethals. A l’abbaye de Saint-Trond, on comptait l’année à partir de la fête de Noël, tandis que, dans la plupart des autres localités, on la faisait commencer à Pâques.

Alphonse Le Roy.

Moréri, Dict. hist. — Goethals, Dict. généal., au mot Glymes. — Id., Hist. des lettres, etc., t. I., p. 85 et suiv. — Courtejoie, Hist. de Saint-Trond. — Polain, Mélanges. — Id., Récits historiques. — Foppens, Bibl. Belgica, etc.

BERGHES (Corneille DE), quatre-vingt-cinquième évêque de Liége, abdiqua en 1544, après six ans de règne, et mourut en 1545. Il était fils de Corneille de Glymes, dit De Berghes (frère de l’abbé de Saint-Bertin dont il a été question plus haut), et de Marie-Madeleine de Stryen, dame de Zevenberghe. Il fut d’abord prévôt de Saint-Pierre à Lille, puis séjourna assez longtemps à la cour de Marguerite d’Autriche, « qui le retenait auprès de sa personne, » dit Bouille : « pour sa profonde érudition, son habileté dans les affaires et autres rares qualités. » En 1520, l’empereur Charles-Quint, cherchant à s’assurer à Liége une influence permanente, décida l’évêque Erard de la Marck, qui lui était fort attaché, à se donner un coadjuteur également dévoué à la maison d’Autriche. Erard fut invité à soumettre au chapitre la nomination de Corneille de Berghes. C’était méconnaître les prérogatives séculaires des chanoines : il y eut un moment d’émoi ; mais ils finirent par céder, voyant bien qu’on leur arracherait par force ce qu’ils n’accorderaient pas de plein gré. Charles colora son empiétement en alléguant qu’il fallait prévenir, une fois pour toutes, les intrigues qui se renouvelaient à la mort de chaque évêque, pour le choix de son successeur. Il agit de la même manière à l’égard de Corneille, lorsqu’il reçut sa visite à Gand, en 1541 ; il le requit en quelque sorte d’accepter pour coadjuteur l’archevêque de Valence, Georges d’Autriche, fils naturel de l’empereur Maximilien. Le chapitre s’inclina de nouveau ; mais Charles-Quint étant revenu une troisième fois à la charge en 1549, pour imposer Robert de Berghes à Georges d’Autriche, il y eut transaction, ou du moins la