Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/175

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encore divisée en deux parties : l’une comprenait la ville et ses dépendances, l’autre se composait des villages environnants. La première appartenait incontestablement à l’Église de Liége. La seconde formait le domaine de la puissante maison des Berthout. Gauthier, tout en continuant à exercer l’avouerie, dans la partie appartenant à l’évêque de Liége, se considérait probablement comme indépendant pour l’autre moitié, son patrimoine, annexé maintenant à la seigneurie ; à la suite de cette réunion, il prit le titre de seigneur de Malines. Le duc de Brabant, à qui Berthout devait hommage comme à son seigneur suzerain, pour les villages situés dans le duché et faisant partie du pays de Malines, ne contraria pas cette usurpation, qui plaçait une partie de la seigneurie sous sa dépendance ; d’autre part, le prélat de Liége ne pouvait agir contre les prétentions de Berthout, qui avait le puissant soutien du duc. Les évêques protestèrent, il est vrai, contre le titre que s’arrogeait Gauthier, mais leurs réclamations restèrent sans effet.

Henri de Gueldre en succédant, en 1246, à Robert de Torote, évêque de Liége et seigneur de Malines, ne tarda pas à s’apercevoir que la possession de la seigneurie était devenue à peu près illusoire pour son Église. Voyant ses droits méconnus et pressé par le besoin d’argent, il engagea Malines et quelques autres domaines au duc de Brabant, en garantie d’une somme que celui-ci lui prêta. C’est dès cette époque que Gauthier le Grand prit le titre de seigneur de Malines. Il existe une charte de 1251, par laquelle il octroie les dîmes de Duffel à l’abbaye de Saint-Bernard, dans laquelle il s’intitule : Dominus de Machlinia.

Sollerius observe que c’est le plus ancien document dans lequel un Berthout s’intitule ainsi. Dans les chartes de 1252, 1264, 1268, 1279, conservées aux archives de cette ville, il continue à porter le même titre. Malgré ses graves préoccupations, Berthout ne cessa de contribuer au développement de la commune. Lorsqu’en 1254 les Augustins vinrent s’établir dans ses murs, il favorisa largement l’érection de leur monastère. Bien que la seigneurie fût donnée en gage au duc de Brabant, l’évêque continuait à être considéré comme le véritable seigneur et les actes étaient donnés tant en son nom qu’en celui de Gauthier Berthout. Vers le milieu du xiiie siècle, de graves difficultés s’élevèrent entre l’évêque de Liége et les Liégeois : l’épuisement de ses finances contribuait à rendre la position plus critique. Ces circonstances étaient des plus favorables aux Berthout pour consolider leur pouvoir. Le prélat voulant contraindre les révoltés à l’obéissance par la force, appela à son secours le comte de Gueldre, le comte de Juliers et le duc de Brabant. Ce dernier établit son camp devant Saint-Trond. Après quelques jours de siége, la place céda et le duc força les habitants à le reconnaître comme leur souverain avoué : ils s’engagèrent à le suivre à la guerre avec armes et arbalètes, comme le faisaient les habitants de Diest et de Malines. Les droits épiscopaux comme suzerains étaient maintenus. Le rôle que joua Berthout dans cette guerre n’est pas clairement établi ; mais il est probable qu’il suivit le duc dans son expédition. Dès lors l’évêque vit la faute qu’il avait commise en remettant la ville entre les mains de son rival et s’efforça de rentrer dans ses droits, en restituant la somme prêtée. Il parvint à réunir, à cet effet, l’argent nécessaire et rentra en possession de Malines. La paix se fit entre Liége et le Brabant la veille de l’Épiphanie, 1261 (V. S.).

La même année, le dernier jour de février, le duc Henri III expira, laissant sa couronne à Jean Ier, encore enfant. La duchesse Alice, sa veuve, assembla les états en qualité de régente et désigna pour tuteurs de ses enfants Gauthier Berthout et Godefroid de Perwez. Cette tutelle, ambitionnée de beaucoup de seigneurs, excita leur jalousie ; à la tête des mécontents se trouvait Arnold de Wesemael. Alice et son conseil, vu l’incapacité notoire du fils aîné, voulaient faire passer la couronne au second fils du duc. A l’instigation du sire de Wesemael, deux partis se formèrent alors et une prise d’armes eut lieu. Les