Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/249

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nom, comme quelques historiens l’ont rapporté, au parti politique des Blavotins, puis que celui-ci, deux siècles au moins avant son temps, était en possession de ce nom. Peut-être, tout au contraire, ce citoyen ou l’un de ses ancêtres, aura-t-il reçu ce surnom à cause de ses opinions et de son dévouement à ce parti politique : Richard Blavoet, dans ce cas, ne signifierait que Richard le Blavotin. Quoiqu’il en soit, un grand nombre de diplômes de cette époque mentionnent le nom de Richard Blavoet ; nous n’en citerons ici que deux : l’un daté de 1181 et mentionné par Miræus, l’autre portant la date de 1214 et provenant de l’abbaye des Dunes.

Au commencement du xiiie siècle, la ville de Furnes devint le théâtre de luttes sanglantes (tumultuosas populi inquietudines, dit le cartulaire de Saint-Nicolas à Furnes), entre deux factions, que l’histoire désigne sous le nom de Blavotins (Blaeuvoeten) et d’Isangrins. Le premier parti avait pour chef le personnage qui nous occupe, et son origine remonte à ces discordes du xe et du xie siècle, qui furent suscitées par les impôts exorbitants dont la comtesse Mathilde, veuve de Philippe d’Alsace, accablait le peuple. Les habitants de Furnes se récrièrent en disant que ces taxes étaient en opposition avec leurs lois et coutumes. Richard Blavoet appuya le peuple dans ses réclamations et dans son refus de payer les impôts ; les agents de la comtesse usèrent de rigueur ; Blavoet fut saisi, jeté en prison, étroitement gardé dans le bourg de Furnes ; mais, le 16 novembre 1201, les Blavotins marchèrent sur la ville de Furnes et délivrèrent leur chef. L’intervention du comte de Flandre, réclamée par la comtesse Mathilde, fit seule cesser les troubles.

Quelques années plus tard, vers 1214, Blavoet rentra en grâce, et l’on voit reparaître sa signature au bas des diplômes de la comtesse douairière. Les Blavotins avaient prêté le secours de leurs armes au comte de Flandre, lors de la bataille de Bovinnes ; d’ailleurs Richard avait déjà mérité ces faveurs en combattant, l’année précédente, les Français dans le port de Damme. On a voulu représenter Richard comme un homme turbulent, un sujet rebelle ; c’est méconnaitre son grand caractère. Les chroniques le montrent, au contraire, comme le protecteur du peuple contre les exactions de la veuve de Philippe d’Alsace. Blavoet était de cette race saxonne qui jamais ne sut se courber sous le joug. À la fois résolu et énergique, il se dévoua tout entier à la cause de l’émancipation populaire en luttant contre l’oppression féodale. Dans son ardent amour de l’indépendance, il faisait disparaître les inimitiés de parti devant le sentiment de la nationalité et chaque fois qu’il s’agissait de défendre la patrie contre la domination étrangère, nous le voyons apparaître comme le digne devancier des Zannequin et des Van Artevelde.

Bon Albéric de Crombrugghe.

BLENDEFF (Lambert), peintre d’histoire à Louvain, mort le 4 janvier 1721. Cet artiste, qui fut élève de Bertholet-Flémalle, de Liége, obtint, en 1677, l’emploi de peintre de la ville. En cette qualité il était chargé de la conservation et de l’entretien du matériel du cortége historique qui, chaque année, sortait le premier dimanche de septembre et qu’on désignait sous la dénomination d’Omgang de Louvain. Blendeff épousa, le 7 juillet 1676, à l’église de Saint-Michel, à Louvain, Marie-Anne Mangan. La protection des jésuites lui fit obtenir la commande de travaux considérables. Nommé, en 1684, peintre ou iconographe de l’Université, il se créa rapidement une position aisée. En 1707, il acheta, au prix de quatre mille florins, une maison spacieuse, appelée la Fontainee d’or, située rue de Tirlemont, maison qu’il avait habitée depuis 1680. L’artiste y mourut et fut enterré au ci-devant cimetière de Saint-Michel, actuellement Marché aux Grains.

Blendeff appartient à la grande école flamande du xviie siècle. Ce fut un artiste laborieux et fécond. Il travailla pour la plupart des maisons religieuses de Louvain. Malheureusement un certain nombre de ses peintures ont été détruites ou déplacées lors de la suppression des couvents à la fin du siècle dernier.