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plupart des biographes, en attribuant à cet artiste des planches de la première édition de la Chorographie sacrée du Brabant (1659), tandis qu’il n’a travaillé que pour la seconde édition (1726), a laissé croire qu’il avait un fils graveur, portant comme lui le prénom de Renier ; le biographe allemand J.-B. Fussly (Allgemeine kunstler Lexicon) le fait travailler en 1730 pour les imprimeurs de Leide et signer : A.-R. Blockhuysen. Il est évident qu’il s’agit toujours du même artiste, qui a dû graver vers la fin du xviie et dans la première moitié du XVIIIe siècle.

Edm. De Busscher.

Charles Le Blanc, Manuel de l’amateur d’estampes. 1853. — Nagler, Neues algemeines Kunstler lexicon. — Piron, Levensbeschryvingen der [beroemde] mannen en vrouwen van Belgie. — Chrét. Kramm, Levens en werken der hollandsche en vlaamsche schilders, graveurs, etc. — Antonii Sanderi Chorographia sacra Brabantiæ, 1659 et 1726. — Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, 1763-1770. — Saint-Génois, Annales de la Société des beaux-arts et de littérature de Gand, 1861 : Antoine Sanderus et ses écrits.

BLOMMAERT (Jacques), homme de guerre, né à Audenarde, entre 1533 et 1535. Il était fils d’Adrien et de Clara Dierens. Sa famille y exerçait d’ancienne date l’industrie des tapisseries de haute lisse, si florissante à Audenarde et d’où sortirent, sous Louis XIII et Louis XIV, les célèbres manufactures de Blois et des Gobelins. Au XVIIe siècle, il existait encore plusieurs Blommaert qui se distinguèrent dans cette fabrication, restée longtemps un art véritable, dans les Pays-Bas.

L’on sait peu de chose sur la jeunesse de Blommaert ; il avait épousé, vers 1562, Agnès Vanden Broeck, et on le trouve revêtu des fonctions de juré-conseiller de la baronnie de Pamele (Audenarde), en 1560 et 1565. C’est vers cette époque que son nom doit avoir été mêlé aux troubles religieux de sa ville natale, car à l’arrivée du duc d’Albe, ses deux frères, Jean et Absolon, furent, ainsi que lui, condamnés au bannissement et à la confiscation de leurs biens. Aussi Jacques Blommaert se rangea-t-il immédiatement sous le drapeau du prince d’Orange.

Au mémorable combat d’Austreweel, Blommaert se signala comme capitaine d’une escouade qu’il avait levée à ses frais. Après les événements de 1568, il se retira quelque temps à Frankental, et ne reparut sur la scène qu’en 1571. À cette époque, Jacques van Mieghem et lui offrirent à Guillaume le Taciturne de former un corps d’armée en Flandre et notamment aux environs d’Audenarde. Le prince, acceptant cette proposition, donna commission à Blommaert de s’entendre avec le bourgmestre d’Audenarde pour la reddition de la place, sous la condition et réserve expresse d’en maintenir les habitants dans leurs droits et priviléges, de ne point les inquiéter et de ne rien entreprendre sans les ordres exprès de son frère, Louis de Nassau.

Cette combinaison n’ayant pas eu de succès, le fougueux capitaine, impatient de délivrer sa ville natale du joug des Espagnols et de contribuer à l’émancipation de sa patrie, partit pour Anvers, amenant avec lui un contingent d’hommes destiné à la défense de Flessingue qui venait de secouer la domination étrangère. Chargé ensuite d’un commandement à Armuyden, en Zélande, il ne put tenir tête à d’Avila, qui vint reprendre cette place, et il fut du petit nombre de ceux qui, à la suite d’une lutte acharnée, échappèrent au carnage.

Il eut bientôt, en vertu d’une commission spéciale du Taciturne, l’occasion de revenir à son premier projet, celui de délivrer Audenarde, où se trouvait sa famille. Il usa, à cet effet, d’un stratagème déjà mis en usage par plus d’un grand capitaine pour s’emparer, par surprise, d’une ville forte. Fatigué des exactions de la garnison espagnole et préparé de longue main à un soulèvement, le peuple n’attendait que le moment propice pour secouer le joug qui l’accablait. La ville avait pour se défendre, indépendamment d’une escouade d’infanterie, la garde bourgeoise organisée par quartiers, les francs tireurs des sociétés et de l’artillerie. Secondé par Josse Ghuys, Latouille et Wibo, Blommaert profita de la fête ou kermesse de Pamele ; le 7 septembre