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plans on bâtit l’église de la Confrérie de Saint-Nicolas du Ceppo, en 1561.

On le voit, les travaux de notre illustre compatriote sont innombrables et nous sommes loin de les avoir tous énumérés. Il constitue une des gloires artistiques belges les plus grandes et les plus pures. L’article de la Biographie universelle de MM. Didot frères, commence, il est vrai, par ces mots : « célèbre sculpteur et architecte français; » nous aurions relevé comme il couvient cette erreur, si, dans le cours du même article, nous n’avions trouvé, à plusieurs reprises, la vérité rétablie; ainsi, entre autres, à propos de l’opinion de Vasari, l’auteur de la biographie susdite nomme Bologna « jeune sculpteur flamand. » Nous en avons naturellement conclu qu’il y avait, sinon une faute d’impression, du moins une inadvertance de l’écrivain dans le début de l’article.

Jean Bologne resta fidèle au souvenir de sa patrie. Transplanté au loin, il n’oublia jamais qu’il devait le développement de ses admirables qualités aux leçons de son premier et excellent maître, De Breuck ou Du Brœucq; sa qualité de Belge était précieuse pour lui: une œuvre capitale de son élève Franqueville, érigée à Pise et exécutée d’après son modèle, nous en donne la preuve : elle porte cette inscription : Ex archetypo Joan. Bonon. belg. Petrus a Francavilla cameracensis fecit Pisis A. D. 1594. Un souvenir des plus touchants nous reste encore des sentiments qui animaient notre compatriote. A l’église des Annonciades, il acquit une chapelle qu’il dota, dit-on, de 150,000 florins. Il la destina non-seulement à sa sépulture, mais encore à celle de tous les artistes flamands qui mourraient à Florence. C’est là que se trouve son tombeau, sur lequel on lit : Jean Bologna, un Belge, noble nourrisson de la famille princière de Médicis, chevalier de l’ordre du Christ, célèbre pour la sculpture et l’architecture, renommé pour sa vertu, éminent de mœurs et de piété, a élevé cette chapelle a Dieu, dans l’année 1600, comme un lieu de sépulture, tant pour lui que pour tous les Belges qui professent le même art.

Notre compatriote avait été anobli par l’Empereur. En 1594, le Grand-Duc lui fit l’honneur de visiter ses ateliers. La maison où il demeurait, à Florence, lui avait été donnée par son souverain; elle appartenait en, 1856, à MM. Bellini et est située au borgo Pinti (n° 6815). Au-dessus de la porte d’entrée se voit un buste en marbre de François Ier de Médicis, sculpté par Bologne.

Les Italiens l’appellent tantôt le Bologna, tantôt Gianbologna et même Zarabologna. Ils le placent au nombre des plus grands artistes de la Renaissance. En effet, son admirable entente du nu, le moelleux non moins parfait de son exécution, la grandeur et la noblesse de ses compositions, l’harmonie exquise de ses proportions, son entente pleine de goût des grandes machines, son dessin aussi pur qu’élégant et gracieux, son expression profonde et juste, sont autant de qualités de premier ordre qui lui assignent un rang très-élevé dans les arts. Nous aurions dit le rang le plus élevé si parfois des agencements un peu tourmentés et surtout si, dans quelques œuvres, un certain maniéré ne venaient jeter une légère ombre sur son mérite. C’est la renaissance enfin, grande sans doute, pompeuse, éblouissante, mais ce n’est plus cette admirable simplicité antique que rien n’est encore parvenu à égaler.

Le portrait de Bologne, gravé par Gisbert van Veen ou Vœnius, frère du célèbre Otto, est très-bien exécuté, en buste, dans un ovale, d’après une peinture de Jacques da Ponte dit Bassano ou le Bassan. Cette peinture est actuellement au Louvre; elle a été acquise à Florence et M. Viardot, dans son Livret du Louvre, suppose qu’elle pourrait être la même que celle qu’a possédée Baldinucci et dont cet auteur fait un si grand éloge dans sa biographie de Jean Bologne. L’artiste est représenté « de trois quarts, tourné vers la droite, avec barbe et moustaches; sa tête est nue. Il porte une fraise et un pourpoint noir orné de ganses de même couleur. »