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à Marguerite de Parme et par celle-ci au roi. Mais peut-on ajouter foi au récit de Bourgogne dont toutes les sympathies étaient pour le parti espagnol, le parti ultra-catholique et qui n’avait pas à sa disposition les papiers et les renseignements du parti opposé, du parti national? Aujourd’hui qu’il existe tant de documents précieux sur cette grande époque, on peut répondre négativement. Suivant Bourgogne, le prince d’Orange était l’auteur principal de l’agitation qui dans les Pays-Bas devait amener un bouleversement. Il relève les belles qualités de Philippe II, en signalant pourtant quelques-uns de ses défauts. Il ne croit pas au projet qu’eurent ce monarque et ses agents d’établir l’inquisition en Belgique. Appelé par sa position à écrire l’histoire de la Bavière, il n’en acheva que deux fragments, qui comprennent une période de trente-quatre années. Il lui est échappé, dit Paquot, quelques traits libres contre la cour de Rome, et c’est apparemment ce qui a porté les protestants à réimprimer son livre[1]. Deux années auparavant, il avait traité un point historique de l’électorat qui constatait déjà de profondes connaissances en cette matière[2]. En 1636, il mit au jour à Ingolstadt un commentaire sur les Evictions, tiré de ses leçons, qui annonce une parfaite étude du droit romain et qui eut plusieurs éditions[3].

Après un séjour de douze ans en Bavière, Bourgogne revint aux Pays-Bas, pour entrer comme conseiller au Conseil de Brabant (31 juillet 1639), d’après les conseils de son savant ami Daniel Heinsius, et probablement aussi pour répondre à l’appel de Viglius et de Tisnacq. L’Université d’Ingolstadt, alors très-célèbre, reconnut la perte immense qu’elle venait de faire. A la cour provinciale de Brabant il se montra également à la hauteur de sa position, ce qu’atteste l’éloge qu’a laissé de lui son collègue Stockmans.

En 1646 parut à Louvain, sous les auspices de son fils, Galeaz de Bourgogne, seigneur de Roquemont et avocat au Conseil de Brabant, un petit commentaire sur la prestation des fautes; il est également tiré des leçons de Burgundus, et Stockmans lui reconnaît un double mérite : d’abord celui de traiter méthodiquement et dans son ensemble une matière qui était jusque-là disséminée dans les ouvrages de droit; ensuite celui de rendre leur clarté, leur simplicité primitives à des choses que les interprêtes avaient obscurcies. Cet opuscule fut également réimprimé plusieurs fois[4]. Son traité des obligations solidaires n’est pas moins recommandable que les autres[5]. Son autre traité de modo juris dicundi et iis qui jurisdictionem præsunt, n’est qu’un extrait de Jean Buselinus; il y expose le régime municipal de Lille, de Douai et quelques institutions judiciaires de la Flandre, telles que la chambre légale, la chambre des Reninghes et le conseil de Flandre[6].

Bourgogne fut un des premiers jurisconsultes de son siècle. Il avait des connaissances étendues, un grand talent oratoire, un caractère honorable et modeste. La France, la Hollande et l’Allemagne reconnaissent sa célébrité. Quoiqu’il ait tenu, avec son fils, des fiefs de l’abbaye de Saint- Pierre à Gand, il est mort sans fortune, en laissant, après lui, de sa femme, Laurence van Wesemaele, beaucoup d’enfants. Son frère, Gilles de Bourgogne, était licencié en droit et avocat fiscal au Conseil de Flandre. Il nous reste de ce dernier quelques poésies latines.

Britz.

Froland, Mémoires sur la nature et la qualité

  1. Historia Bavarica... ab anno 1313 ad annum 1317. Ingolst., 1636, in-4o; id., Antv., 1645; Helmstad., 1705, in-4o.
  2. Apologia in electoratu Palatino, pro Christ. Gewoldo et contra marquardam Freherum. Ingolst., 1634, in-4o.
  3. Commentarius de evictionibus practicus et theoreticus. Ingolst., 1636, in-12; id., 1646,in-12; id., Lovan., 1647, in-l2; id. Colon., 1662, in-16; id., Brux., 1673, in-4o. Il est divisé en 106 chap.
  4. Commentarius de periculis et culpis præstandis in contractibus. Anvers, 1646, in-12; id., Lovan., 1658; id. Colon., 1662, in-16; id. Brux., 1673, in-4o.
  5. Commentarius de duobus reis, sive de obligatis in solidum. 1re éd. de 1643; id. Lovan., 1657; id. Brux., 1673, in-4o.
  6. Dans les Opera omnia de l’éd. de Brux. de 1673 et dans l’éd. des Controversiœ de 1634.