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la cause des États-Généraux et à accepter d’eux le gouvernement de la ville d’Arras et le commandement d’un régiment de cavalerie. Quelques mois plus tard, les troupes étrangères quittaient les Pays-Bas et Bournonville, dont le seul grief n’existait plus, aurait dû sortir des rangs de l’opposition. Il n’en fit rien. L’amour-propre étouffait-il chez lui le cri de la conscience, ou bien aimait-il mieux trahir encore? Son panégyriste, Etienne Casellas, est d’accord avec l’histoire pour le condamner quand il s’écrie : « Son habileté pendant les troubles fit l’admiration de tous, et lui valut les faveurs du roi Philippe II et l’estime particulière du grand Alexandre Farnèse. »

Toute son habileté, cependant, consiste à se dire plus catholique que le Pape, à donner une plus grande importance au parti des Malcontents, et, enfin, à remettre dans les mains du roi d’Espagne, l’un des premiers, une ville conquise à l’opposition. La soumission des provinces wallones accomplie, Bournonville réclama le prix de ses services. Il obtint, par lettres patentes du 7 septembre 1579, l’érection de sa terre d’Hennin-Liétard en comté, conserva son gouvernement d’Arras et de l’Artois, et devint, en outre, conseiller d’État et chef-président des finances. De sa femme, Marie-Christine, fille du malheureux Lamoral d’Egmont, il ne laissa qu’un fils unique. V. Bournonville (Alexandre).

C. A. Rahlenbeck.

Doze fratos de la muy antigua y ilustre casa de Bournonville, Barcelone, 1680, in-fol. — J.-W. te Water, Historie van het verbond, enz., t. II. — J.-C. de Jonge, De Unie van Brussel, s’Gravenhage, 1825, in-8o. — La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, 1771, t. III. — Famien Strada, Histoire de la guerre des Pays-Bas, liv. VIII et IX, etc.

BOUSSART (André, baron), homme de guerre né à Binche le 13 novembre 1758, mort à Bagnères le 10 août 1813. Il était issu d’une famille ancienne dans la carrière des armes : son père, officier au régiment de Cornabé, sous la république batave, s’était vaillammant battu à Fontenoy. Son oncle, Roger Boussart, était capitaine dans la garde noble de Marie-Thérèse. André Boussart entra au service dès l’âge de dix-huit ans dans le régiment de Vierset, en qualité de cadet et obtint, peu de temps après, en récom- pense d’une action d’éclat, le brevet de lieutenant porte-enseigne. Ennuyé de l’oisivité de la vie de garnison, il donna sa démission en 1787, mais dès qu’éclatèrent les premiers symptômes de la révolution brabançonne, il se hâta de rentrer au service. Il fut admis comme capitaine dans le corps franc de Laurengeois et assista aux combats de Turnhout et de Bouvignes. Ce corps ayant été licencié après la rentrée des Autrichiens en Belgique, Boussart dut se soustraire à la réaction qui, à cette époque, obligea un grand nombre de Belges à s’expatrier; il alla prendre du service en France, y fut bientôt capitaine (1er octobre 1791) et comme tel, placé dans le régiment de dragons du Hainaut. Sa conduite à Jemmapes lui valut le grade de lieutenant-colonel dans le même corps (1er mars 1793), puis celui de chef d’escadron dans le vingtième régiment de dragons français qui fut formé en grande partie de volontaires belges. Il passa ensuite à l’armée d’Italie et fit, sous le général Bonaparte, ces immortelles campagnes qui révélèrent une transformation dans l’ancien système de guerre. A Mondovi, Boussart exécuta une charge audacieuse et reçut trois blessures en se frayant un chemin à travers l’ennemi. Au passage de l’Adda, il se jeta dans la rivière avec ses escadrons, atteignit l’autre rive à la nage et dispersa l’ennemi; à Lodi, à Castiglione, à Rivoli, partout il se fit remarquer par une intrépidité que rien ne pouvait arrêter. Le général Bonaparte, qui l’avait apprécié, le nomma chef de régiment et le désigna pour l’accompagner en Égypte. Là, Boussart se distingua par de nouveaux exploits : à la bataille d’Alexandrie, au combat de Scheybrefs, il enfonça les Mamelucks; aux Pyramides, il culbuta les Janissaires; à l’affaire d’Aboukir, où il commandait la première ligne de cavalerie, il fit une charge brillante et fut atteint par trois balles. Le grade de général de brigade vint récompenser ses services. Rentré en France, Boussart fut nommé commandant du département de la Haute-Saône et rendit d’importants