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prince-évêque de Liége, Ferdinand de Bavière, le tint sur les fonts baptismaux et lui transmit son prénom. Il remplit avec distinction plusieurs missions officielles fort importantes. Très-jeune encore, il fut envoyé par les États de Liége à Vienne et à Ratisbonne ; son séjour en Allemagne dura quelques années. En 1640, il signa la paix de Tongres au nom des représentants de la cité ; il fut ensuite député vers le cardinal-infant, à Bruxelles, et vers le duc de Lorraine. En 1646, il partit pour Munster avec le baron de Bocholt, pour prendre part aux négociations qui se terminèrent par le traité célèbre auquel est attaché le nom de cette ville ; enfin il s’acquitta, en 1651, à Bruxelles, d’une nouvelle mission pour le service de la cité, et en 1652 reçut une délégation du prince Maximilien-Henri et des États. Rentré définitivement à Liége, il y partagea, en 1654, avec Erasme de Foullon, les honneurs de la magistrature suprême. Cette année fut signalée par la paix de Tirlemont, qui rétablit la bonne harmonie entre l’Espagne et la principauté : mais si la neutralité liégeoise était ainsi garantie, la citadelle, construite en 1650, restait debout et faisait, aux habitants de la capitale, l’effet d’une menace permanente. De sourds murmures se firent entendre ; le grand-prévôt de la cathédrale se plaignit plus hautement que les autres ; il fut enlevé par la garde allemande de l’évêque, qui dut cependant le relâcher. La découverte d’une conspiration, tramée par le chanoine Maret, d’Aix-la-Chapelle, pour surprendre la forteresse, amena des exécutions sanglantes. Liége était à la veille de tenter le suprême effort dont l’insuccès renversa pour jamais, en 1684, sa constitution démocratique.

Le rôle politique de Ferdinand de Beeckman paraît avoir été assez insignifiant à partir de son année de magistrature. La popularité de son nom est due à une circonstance particulière ; Beeckman prit, avec son collègue Foullon, une part active à la reconstruction du pont des Arches. Ce travail avançant lentement, les bourgmestres organisèrent une société de bourgeois aisés qui avancèrent gratis, et avec le plus louable empressement, les fonds nécessaires. Tout fut achevé au bout de deux ans : résultat d’autant plus satisfaisant, qu’à cette époque, le pont de Liége était le seul trait d’union entre les deux rives de la Meuse, depuis Huy jusqu’à Maestricht. — Le célèbre historien de Liège, Jean-Erasme Foullon, jésuite, frère du bourgmestre Erasme, dédia à Ferdinand de Beeckman son excellent abrégé dit Pauciloqua veritas, Liége, 1655, in-12.

Alphonse Le Roy.

Foullon, Hist. Leod. — Bouille — Loyens, Recueil de Louvrex. — Dewez, Hist. de Liége, II. — F. Henaux, id. — Dognée, Notice sur le Pont des Arches.

BEECKMAN (Guillaume DE), seigneur de Vieux-Sart, Montreville et Oignies, six fois bourgmestre de Liége (1608, 1613, 1616, 1618, 1623 et 1630), reçu au conseil ordinaire du prince en 1625, mourut le 29 janvier 1631. Il appartenait à une famille dont l’importance resta considérable jusque bien avant dans le xviiie siècle. Sans être précisément dans l’opulence, il n’avait pas à se plaindre de la fortune. Son père Jean, tige des Beeckman de Vieux-Sart, qui se fixèrent définitivement en Brabant, avait été gratifié, par donation entre vifs (1563), de tous les biens d’un oncle maternel fort à l’aise, le P. dominicain Sylvius, délégué par Georges d’Autriche au concile de Trente, ensuite suffragant de Liége et évêque de Tagaste. Il épousa Marguerite de Bau : l’aîné de ses fils, Ferdinand (voir l’article précédent), fut bourgmestre de Liége en 1654.

On manque de renseignements sur la jeunesse de Guillaume : toutefois sa capacité politique dut se révéler de bonne heure, puisqu’il fut honoré, dès 1605, d’une mission officielle auprès des États généraux des Provinces-Unies[1]. Des témoignages que ses ennemis et ses partisans nous ont transmis sur son caractère,

  1. Loyens, Recueil héraldique, etc., cite parmi les légations qui lui furent confiées pour défendre les intérêts du pays ou ceux de la cité, une ambassade à la cour de Henri IV, roi de France, le 28 août 1610. Il y a évidemment erreur de date : le crime de Ravaillac remonte au 14 mai.