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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/307

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la séparons pas de la matière sur laquelle elle agit, et rien ne limite la matière que l'espace immense offre à la force qui transforme l'univers. La force, au fond, est une conception de notre esprit, la cause commune que nous attribuons à un groupe de phénomènes ; et la « force totale » est une pure abstraction, base bien fragile pour une explication du monde.

L'utopie de Nietzsche, inconsistante en elle-même, se relève par la leçon morale qu'il en tire, et qui répond à la noblesse de son propre caractère : il est vrai que cette leçon ne s'adresse qu'aux hommes supérieurs, à ceux qu'il appelle les maîtres et qu'il destine au gouvernement des États. Puisque notre existence présente doit être répétée, qu'elle soit digne de l'être ! Qu'elle ne contienne rien dont nous ayons à rougir, puisque nous en rougirions encore des infinités de fois ! Ne la souillons pas d'une tache que nous traînerions comme une honte à travers les siècles. Courte est l'heure que nous vivons actuellement : qu'elle soit le gage d'une félicité sans fin ! Soyons dès maintenant, dans l'arrangement de notre destinée, les ouvriers d'une œuvre d'art qui soit belle d'une beauté éternelle. « Vivons comme si nous voulions vivre ainsi encore une fois et toujours. Imprimons sur notre vie le sceau de l'éternité. »

FIN


Notes

1. Traduction de Henri Lichtenberger.

2. Gustave Le Bon, l'Homme et les Sociétés, IIe partie, Résumé, P.420.

3. Die Wiederkunft des Gleichen. Entwurf (Sommer 1881), liv. V.