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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/58

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AURORA FLOYD

Aurora prit un châle qu’elle avait déposé sur le divan, et le jeta légèrement sur sa tête, se voilant le visage d’un nuage de dentelle noire, à travers lequel ses diamants scintillaient comme les étoiles dans la nuit. On eût dit Hécate, à la voir debout sur le seuil de la porte-fenêtre, prête à exécuter un plan depuis longtemps résolu dans son cœur. Quand l’horloge de l’église du village annonça neuf heures moins un quart, elle était encore là. Comme le dernier coup mourait dans l’air, elle consulta le ciel, et s’élança d’un pas rapide vers l’extrémité méridionale du bois qui bordait le parc.


CHAPITRE XXIV

Le Capitaine Prodder apporte de mauvaises nouvelles
chez sa nièce.

Tandis qu’Aurora franchissait la porte, un homme attendait sur le perron conduisant au vestibule, où il discutait avec un des domestiques de Mellish ; le domestique répondait même avec une certaine arrogance et tenait le nouveau venu à distance avec l’indifférence méprisante d’un serviteur de bonne maison.

L’étranger était le Capitaine Samuel Prodder, qui, arrivé à Doncastre dans l’après-midi, avait dîné à l’auberge du Grand Cerf, et était venu à Mellish Park dans une carriole conduite par un garçon de l’établissement. La carriole et le garçon attendaient au bas du perron, et s’il eût manqué quelque chose pour décider du mépris du valet pour Prodder, outre son habit bleu, son col de chemise rabattu et sa montre d’argent, la carriole du Grand Cerf eût parfaitement comblé cette lacune.

— Oui, Mme Mellish est à la maison, — dit le person-