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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

fût liée, si j’étais dans la position que ma naissance me mettrait en droit d’occuper ; mais, comme je ne suis pas dans cette position, je me soumets… Cette soie noire vous sied admirablement. Et maintenant, mon amour, ayez la bonté de sonner pour que l’on nous apporte de la lumière et le thé. »

Ils étaient restés, jusqu’alors, éclairés seulement par la flamme du foyer, cette mystique, magique, capricieuse lueur du foyer, qui faisait ressortir à leur avantage les pauvres ornements du salon meublé.

On apporta le plateau à thé et les lumières.

Diana s’assit près de la table et prépara le thé.

« Ne versez pas l’eau encore, dit le capitaine. Le gentleman qui va venir, ne prend sans doute pas de thé, mais il paraîtra plus poli de l’avoir attendu.

— Et quel est ce mystérieux gentleman, papa ?

— Un Français… une personne dont j’ai fait connaissance dans mon voyage.

— Réellement… un gentleman ?

— Certainement, Diana, répliqua le père avec un air de dignité offensée. Pensez-vous que j’admettrais à mon amitié une personne que ne serait pas un gentleman ? Mes relations d’affaires, il n’est pas en mon pouvoir de les choisir, mais il en est tout autrement de celles qui ne relèvent que de mon amitié. Il n’y a pas d’homme plus absolu que le capitaine Horatio Paget. M. Lenoble est un gentleman d’une ancienne famille, s’il vous plaît, et du caractère le plus aimable.

— Et riche, je présume, papa ? » demanda Diana.

Elle pensait que son père ne s’exprimerait pas avec autant de respect si le gentleman n’était pas riche.

« Oui, il m’a donné l’hospitalité pendant mon séjour