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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/240

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

san Meynell, trente-cinq ans auparavant, quand Gustave Ier l’avait arrachée au suicide, ce sombre péché pour lequel le repentir est impossible.

Ce je ne sais quoi de vaillant, de chevaleresque qui était héréditaire dans la famille des Lenoble les prédisposait à secourir les faibles, les malheureux, les délaissés.

Cette pitié pour ceux qui souffrent n’était qu’un élément de leur surabondance de force.

Protéger les faibles, les femmes, n’était-ce pas l’attribut des natures puissantes de l’antiquité ? Qui fut plus prompt qu’Hercule à voler au secours d’Hésione ? Qui fut plus ardent que Persée à sauver Andromède ? Et quel monstre marin est plus terrible que l’abandon et la pauvreté ?

Quelques jours après arriva une nouvelle lettre de Paget, invitant de nouveau sa fille à se rendre près de lui.

« Lenoble part décidément demain pour la Normandie, — écrivait-il, — pour voir ses filles et probablement leur annoncer son mariage prochain. Il désire vous voir, et comme je lui ai positivement interdit d’aller vous rendre visite à Bayswater, ce n’est qu’ici que vous pouvez vous rencontrer. Il doit venir prendre le thé avec moi, ce soir, à l’heure habituelle, et j’espère vous voir arriver de bonne heure dans l’après-midi. »

C’était une occasion pour cette présentation que Mlle Halliday désirait si vivement.

« Si M. Sheldon et votre maman veulent vous laisser venir avec moi cette après-midi, je serai heureuse de vous emmener, » dit Diana.