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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

preté, dégradation dans le vieux château : vieux domestiques trop faibles ou trop paresseux, se plaignant, ne faisant qu’à leur tête ; vieux fournisseurs se prévalant d’abus existant depuis des années et admis pendant si longtemps qu’ils étaient devenus des droits.

Les serviteurs à Cotenoir faisaient exactement ce qu’ils voulaient depuis la mort de Mme de Nérague, arrivée deux ans avant celle de sa fille Clarisse.

La pauvre Clarisse, toujours souffrante, avait été tout à fait hors d’état de surveiller sa maison et depuis qu’elle n’était plus là, la santé trop faible de Cydalise ne lui avait pas permis d’agir avec autorité.

Il est probable d’ailleurs que le personnel de Cotenoir eût absolument refusé de se soumettre à l’intervention de Beaubocage.

Il arriva ainsi que les choses s’arrangèrent comme elles voulurent dans le château et y restèrent en quelque sorte à l’abandon.

Il n’y a rien de plus coûteux que le désordre.

Gustave finit par s’apercevoir qu’avec un maximum de dépenses il n’avait qu’un minimum de bien-être.

En attendant, la bonne vieille tante de Beaubocage donnait à ses nièces beaucoup de précieux avis pour le temps où elles seraient assez âgées pour prendre la direction de la maison de leur père.

La bonne dame, désintéressée pour elle-même, avait acquis à ses dépens une rude expérience dans l’art domestique. Dieu et sa mémoire seuls se rappelaient les petites rapines, les petites privations, les étroits calculs qui lui avaient permis de grappiller quelques sous pour les envoyer à son frère exilé.