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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/152

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LA FEMME DU DOCTEUR.
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ment, et Isabel remettant toujours la cérémonie à une époque indéterminée.

Tous les quinze jours, le dimanche, le cheval du jeune homme faisait son apparition à la porte de Raymond. Il serait volontiers venu toutes les semaines s’il avait osé, et aussi comme il y avait été invité par l’excellent homme qui employait Isabel ; mais il avait des scrupules sur la consommation de bœuf, de mouton, et de tasses de thé qu’il faisait sans pouvoir en rien rendre à son aimable hôte. De temps en temps il apportait un cadeau aux enfants : une boîte à ouvrage ou un pupitre garnis de ciseaux qui refusaient de couper ou d’encriers qui ne voulaient pas s’ouvrir (car on ne trouve pas à Graybridge, ni dans les environs, de succursale de la maison Parkins et Gotto), ou bien quelque gâteau merveilleux fait par Mathilda. Une fois, il arrangea une petite fête pour sa fiancée et ses amis et donna un dîner complet avec cinq entremets et un dessert compliqué, le tout arrosé de porto premier choix, de sherry hors ligne, pris spécialement à l’enseigne du Cock à Graybridge. Mais comme les orphelines, qui seules firent honneur au repas, furent sérieusement indisposées le lendemain, l’expérience ne fut pas renouvelée.

Mais le dîner à Graybridge eut son bon côté. Isabel vit la maison qui devait être la sienne, et l’avenir revêtit chez elle une forme plus palpable que celle qu’il avait eue jusque-là. Elle examina les petits ornements en porcelaine placés sur la cheminée, le vase à fleurs contenant un bouquet de roses fanées, qui avait depuis longtemps perdu son odeur, car c’étaient les mains de la mère de George qui avaient cueilli les fleurs. George promena Isabel à travers les petites