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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/210

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LA FEMME DU DOCTEUR.

— Merci, — répondit-il ; — mais je ne crois pas que je trouverai facilement. Je ne connais pas la moitié des tours et des détours du parc.

La plus jeune des orphelines apprit à Lansdell que le chemin était tout droit ; — il ne pouvait s’y tromper.

— Mais vous n’imaginez pas combien je suis maladroit, — répondit Roland en riant. — demandez à votre oncle si l’organe de localité ne me fait horriblement défaut. S’il vous était indifférent… mais vous alliez en sens inverse, et c’est bien égoïste à moi de vous demander de revenir sur vos pas ; — je vous prierai cependant de prendre en pitié ma maladresse et de me montrer le chemin.

Il s’adressait aux orphelines, mais il regardait Isabel. Il la regardait avec ces yeux de couleur indécise : — bleu teinté de brun, brun avec un reflet bleu, — ces yeux toujours à demi voilés sous l’épaisse frange de leurs cils comme un filet d’eau brillant sous une forêt de joncs.

— Oh ! certainement, si cela vous fait plaisir, — s’écrièrent simultanément les orphelines ; — il nous est indifférent de revenir un peu sur nos pas.

En disant ces mots, elles rebroussèrent chemin et Isabel les suivit. Lansdell remit son chapeau et s’avança à travers les hautes herbes qui bordaient d’étroit sentier.

Les orphelines étaient fort gaies et se familiarisèrent immédiatement avec Lansdell. N’étaient-elles pas les nièces de Raymond ? alors elles étaient les filles de sa pauvre cousine Rosa Harlow, dont il avait si souvent entendu parler par cet excellent Raymond. Par conséquent elles étaient un peu ses cousines à lui, con-