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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/257

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LA FEMME DU DOCTEUR

que qu’ils souffrent et dépérissent lorsqu’ils sont entièrement privés de la société de leurs semblables. Roland entra dans trois ou quatre boxes, regarda les chevaux et soupira en songeant à la saison de chasse qui rendait habitable ce monotone Midland.

— J’ai besoin d’occupation, — pensait-il ; — il me faut la fatigue physique et les distractions gymnastiques. Mon esprit rêve à mille choses absurdes, faute d’occupation.

Il bâilla et jeta son cigare, puis traversa la cour en se dirigeant vers une fenêtre ouverte de la sellerie, devant laquelle un homme en bras de chemise était assis, lisant le journal.

— Vous m’amènerez Diver dans une demi-heure, Christie, — dit Lansdell. — J’irai à Conventford cette après-midi.

— Oui, monsieur.

Roland se rendit, en effet, à Conventford. Il traversa au galop le village de Waverly, au grand scandale des tranquilles habitants, qui quittèrent leurs places, à demi effrayés par le fracas des fers du cheval sur le pavé inégal ; puis, il reprit l’allure au pas, une fois dans l’avenue qui déroule ses beautés de Waverly à Conventford. Les rues de la ville étaient encombrées d’ouvrières endimanchées, et les cloches sonnaient à toute volée dans les trois clochers. Lansdell s’avançait très-lentement, pensant à toutes sortes de choses absurdes, et il pénétra dans le joli salon de Raymond au moment où ce gentleman prenait le thé avec ses petites-nièces.

Roland avait oublié que son ami dînait de bonne heure le dimanche, et il était venu pour dîner avec lui. Mais cela ne faisait rien : il se contenterait d’une