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LA FEMME DU DOCTEUR

voulez-vous prendre soin de mes petites filles et vous assurer qu’elles sont suffisamment vêtues pour le retour, tandis que je fais un petit tour avec M. Lansdell ?

Mme Primsaw déclara que rien ne pouvait lui causer un plus grand plaisir que de veiller à la toilette des jeunes filles. Les orphelines traversèrent alors le chemin éclairé par la lune, très-heureuses de se mettre à l’abri dans la plus charmante salle commune toute rose et toute lumineuse du reflet d’un petit feu qui brillait dans la grille la plus coquette qui ait jamais orné une maison de poupée.

Lansdell et Raymond s’éloignèrent par la route solitaire, à l’ombre des murs du château, et pendant quelques minutes, ni l’un ni l’autre ne parla. Roland ne montrait ni curiosité, ni intérêt pour cette chose que Raymond avait à lui dire, mais il y avait dans la manière dont il redressait la tête une expression boudeuse et entêtée, et dans la fixité de ses traits quelque chose qui faisait mal augurer de la douceur de l’entretien.

Peut-être Raymond vit-il ces signes et se trouva-t-il assez embarrassé pour entamer la conversation. Quoi qu’il en soit, lorsqu’il commença, ce fut d’une façon très-abrupte, car il fit ce qu’on peut appeler un plongeon de conversation.

— Roland, — dit-il, — cela ne peut pas durer ainsi.

— Quoi ? demanda froidement Lansdell.

— Je n’ai pas la prétention d’être votre mentor, — répondit Raymond, — non plus que de m’arroger le droit de vous faire des remontrances ou de vous indiquer ce que vous avez à faire. Le lien de parenté qui existe entre nous est fort léger ; bien que, puisque je